La France compte désormais un unique ministère pour les questions relatives aux étrangers. Brice Hortefeux est devenu, ce vendredi, le premier titulaire d’un portefeuille inédit qui doit faire rimer immigration, l’identité nationale et codéveloppement. La tâche s’annonce ardue.
Chose promise, chose due. Le nouveau président français Nicolas Sarkozy s’était engagé, durant la compagne présidentielle, à créer un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale suscitant une vaste polémique qui avait même atteint son propre camp. Simone Veil, un de ses soutiens, avait alors affirmé ne pas aimer « cette formule très ambiguë ». C’est désormais chose faite avec le nouveau ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement qui a été confié, ce vendredi, à Brice Hortefeux, un ami de plus de 30 ans de Nicolas Sarkozy. Le chef de l’Etat semble avoir trouvé la parade. L’intégration sépare les deux termes, dont l’association est en cause, auxquels se rajoute le codéveloppement. Une façon aussi pour Nicolas Sarkozy de donner du contenu à une volonté affichée d’aider le continent africain dont le destin, soulignait-il dans son discours d’investiture, est intimement lié à celui de l’Europe.
Mettre en oeuvre la politique « d’immigration choisie »
Le titulaire de ce gros portefeuille de l’Immigration aura ainsi la lourde charge de rassembler tous les services qui s’occupent des étrangers. Ils étaient jusqu’ici sous la tutelle de quatre ministères. L’asile relève de l’Office français des réfugiés et apatrides (Ofpra) qui dépend du ministères des Affaires étrangères en charge également de la délivrance des visas. L’accueil et la nationalité sont l’affaire de la direction des populations et des migrations (DPM) sous tutelle du ministère de la Cohésion sociale. Les titres de séjour sont, quant à eux, du ressort de la Direction des libertés publiques du ministère de l’Intérieur qui chapeaute aussi la Police aux frontières (Paf). Les mariages avec des ressortissants étrangers sont gérés, eux, par la Chancellerie. L’idée de fédérer toutes ces administrations remonte à décembre 2006 lorsque Nicolas Sarkozy était encore ministre de l’Intérieur.
Pour y parvenir, Brice Hortefeux devra s’atteler à étendre la philosophie qui règne au sein du Comité interministériel de contrôle de l’immigration (CICI), crée en 2005 par Dominique de Villepin, à toute l’administration dont il est désormais responsable. Le comité réunit en effet tous les services concernés par la politique française en matière d’immigration. Plus concrètement, le nouveau ministre sera le grand ordonnateur de la politique « d’immigration choisie » prônée par le chef de l’Etat français et promue par la loi du 24 juillet 2006. Objectif : maîtriser l’immigration en fixant des plafonds annuels d’entrées par catégorie (immigration économique, asile, regroupement familial) et faire de l’apprentissage du français une priorité. La tâche s’annonce déjà ardue. Néanmoins en cas de succès, selon certains, elle permettrait de rationaliser la politique française en matière d’immigration.