Le Premier ministre français Dominique de Villepin a présenté, mardi, son programme pour maîtriser l’immigration en France. Au menu, le regroupement familial, les mariages de complaisance, le statut des demandeurs d’asile et la sélection des étudiants étrangers. L’autre homme fort du gouvernement, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, compte pour sa part expulser 25 000 clandestins en 2006.
Par Mourad Ouasti
C’est seul que Dominique de Villepin, le Premier ministre français, a annoncé ses mesures pour contrôler l’immigration, mardi matin. Elles résultent des conclusions du Comité interministériel du contrôle de l’immigration (Cici) auquel ont participé dix membres du gouvernement, dont Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur. Au menu le regroupement familial, les mariages binationaux, l’accueil d’étudiants étrangers et le statut des demandeurs d’asile. Cette batterie de mesures, pour le moins drastiques, marque un tournant dans la politique française en matière d’immigration.
Maîtriser le français pour vivre en France
Le regroupement familial deviendra désormais plus ardu. Le délai de séjour impératif pour qu’un étranger puisse demander le regroupement familial passe d’un à deux ans. Dominique de Villepin a précisé que la maîtrise du français serait exigée pour faire venir sa famille et mis en exergue le respect de la loi, quant à l’interdiction de la polygamie en France. Toujours sur le plan matrimonial, les mariages binationaux seront désormais plus encadrés. Le gouvernement espère décourager les candidats au mariage de complaisance, premier mode d’immigration légal, en remaniant le code civil.
Le conjoint étranger d’un français devra attendre quatre ans, au lieu de deux actuellement, pour devenir français si le couple réside en France. S’ils vivent à l’étranger, la durée d’attente passe de trois à cinq ans. Un mariage à l’étranger sera précédé d’une audition chez le Consul de France qui pourra émettre des réserves auprès du procureur de la République à Nantes (France) qui a compétence pour s’opposer à cette union. En cas de refus de la part des autorités françaises, seule une décision judiciaire pourra homologuer l’alliance.
25 000 clandestins seront expulsés d’ici 2006
L’accueil d’étudiants étrangers sera lui aussi désormais très sélectif. L’étudiant étranger qui souhaite venir faire des études en France devra préalablement passer l’épreuve du Centre pour les études en France (CEF). Ce centre, déjà présent dans plusieurs pays, dépend du service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France. Il évalue le niveau de français, fait passer des tests et des examens de langue française et étudie les projets estudiantins. Le visa aura la valeur de titre de séjour. Au terme de leurs études, seuls ceux qui sont titulaires, au minimum, d’un mastère auront le droit, dans un intervalle de 6 mois, de chercher un emploi. Ceux qui en décrocheront un en liaison avec leur formation universitaire obtiendront un titre de séjour.
Enfin le statut des demandeurs d’asile est revisité. Les préfectures auront quinze jours pour traiter les demandes d’admissions provisoires des demandeurs d’asile. Le gouvernement français trouve ainsi le moyen de réduire le délai d’appel devant la commission de recours des réfugiés. D’un mois, il passera à quinze jours. Selon le ministre français de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, ce sont chaque année entre 80 000 et 100 000 étrangers qui s’installent en France. Il considère que cet afflux d’immigrants est un facteur de déstabilisation de la société française. Par ailleurs, il estime que les avantages sociaux offerts aux clandestins renforcent l’attractivité de la France comme terre d’immigration. Il entend d’ailleurs reconduire à la frontière 25 000 clandestins en 2006. Néanmoins, unne interrogation demeure. Qui de Nicolas Sarkozy ou Dominique de Villepin sera le pilote de ce nouveau dispositif ? L’immigration semble donc se profiler comme le nouveau terrain de jeu des deux rivaux politiques français.