Antonin Potoski est musicien. Il compose, essentiellement de la techno. Et il s’est évadé des tristes plaines du Nord de la France pour vivre pleinement avec quelques amis, au Mali. Récit minimal et inspiré.
A mi-chemin entre le rêve et le récit de voyage, à mi-chemin entre le journal intime et le journal de bord, Antonin Potoski a recueilli ses souvenirs du Mali dans un petit livre retenu et précis : » Les Cahiers dogons « , publié aux éditions P.O.L.
Le goût intense de sa sueur
Tout est dit, dans ce texte paisible où respire un voyageur immobile, attentif au détail de l’instant, observateur sans insistance lorsqu’il s’agit des autres, sans complaisance quand il s’agit de lui-même. La présence des corps, d’abord, des émotions, des sensations. » Je me souviens qu’une goutte de sueur coulait de sa tempe. Lors d’une pause je l’ai attrapée avec un doigt, j’ai porté mon doigt à ma bouche et j’ai avalé sa sueur… C’était mes premières heures dans ce monde loin du monde, Paul était en train de devenir mon ami, j’avais le goût intense de sa sueur dans ma bouche. »
Cet univers loin du monde où nous pénétrons après lui, Antonin Potoski nous apprend à en sentir la beauté brute : rochers, chaos de roches, sable, tempêtes de sable, chaleur, accablement du soleil, sécheresse, soif, proximité des peaux, plaisir des gouttes de pluie, accueil, tolérance, paroles économes.
Style pur et simple
Le style n’est pas seulement dépouillé, artificiellement restreint : il est juste. Les mots sont comptés, sonnent clair, rien de bavard n’a sa place dans cette description fraternelle. C’est un partage d’expérience : Antonin nous ouvre sa vie. On entre, prudemment, à petit pas dans cette philosophie sage. L’évasion lente, sortir de soi, changer de peau, s’absenter. » Que c’est étrange : un pays lointain devrait être un pays éloigné d’où je vis, mais à présent je vis dans un pays lointain, avec une grande distance dans la tête, celle d’avec mon pays froid auquel je ne pense plus, celle qui fait qu’ici est lointain « .
» Finalement, je me serai administré moi-même le somnifère que je rêvais qu’on me donne pour m’enlever, quand j’avais quatorze ans. » Coup de chance : il en restait aussi un pour nous dans la boîte.
Commander le livre : Antonin Potoski, Les Cahiers dogons, POL, 2000.