Je parle des hommes et des femmes de l’Amérique du Nord – États-Unis et Canada – descendants des milliers d’hommes et de femmes séquestrés en Afrique et mis en esclavage dans ce « nouveau monde », auxquels les oppresseurs caucasiens européens se sont chargés d’usurper non seulement leur liberté et leur identité, comme ce fut le cas dans le reste des Amériques et des Caraïbes, mais aussi leur culture et leurs arts ataviques par l’imposition et l’assimilation de doctrines étrangères à leur nature africaine.
Par Giunëur B. Môsi
Aux États-Unis et au Canada, on parle d’une fierté afrodescendante et on l’entend de manière erronée comme la conservation de disciplines ancestrales dans la pratique de rythmes musicaux qui n’ont rien de patrimonial dans l’absolu, comme par exemple le Jazz, le rap, le Riddim & blues ou R&B, et d’autres, qui en réalité sont relativement des genres modernes qui par conséquent ne sont pas arrivés de l’Afrique en bateau, et dans lesquels il semblerait qu’on ait oublié le tambour.
Au contraire, on observe que dans différents pays du reste des Amériques et de la caraïbe, malgré le fait d’avoir subi la même usurpation culturelle et d’identité que nos frères et sœurs du ‘nord’, la marque autochtone Africaine reste présente dans le tambour et les multiples genres musicaux que l’on peut entendre de nos jours dans tous les coins.
Il est possible de fermer les yeux en écoutant le rugissement hypnotisant et implacable des tambours et d’être immédiatement transporté mentalement dans n’importe quelle localité Africaine… vivre un rituel vaudou en Haïti; d’Alabao en Colombie; de Candombe au Brésil; de Santería à Cuba; de Landó au Pérou; et de nombreuses autres cérémonies musicales, que nous avons encore du plaisir à voir de nos jours et qui conservent fièrement la touche aborigène de nos ancêtres africains.
Ceux du nord n’ont pas eu la grande opportunité de développer des Royaumes à petite échelle ou des organisations tribales comme l’ont fait les autres d’est en ouest et du nord au sud des régions mentionnées.
Tandis que dans le nord les personnages les plus marquants furent le Roi Jean Saint Malo, Roi Denmak Vesey et Roi Nat (USA) et seulement à la fin du 18ème siècle ; les ‘Rois’ et leaders marrons les plus populaires de la Caraïbe, du Centre et du Sud ont laissé leurs marques dès le début du 16ème siècle comme le Roi Bayano (Panama), le Roi Miguel (Venezuela), le Roi Yanga (Mexique), le Roi Benkos et le Roi Barûle (Colombie), le Roi Zumbi et la Princesse Anastacia (Brésil), la reine Nanny (Jamaïque), et l’Honorable Toussaint Louverture, l’Empereur Jacques I & le Roi Henri I (Haïti) pour en mentionner quelques-uns; et leur résistance fut telle que les oppresseurs européens durent très souvent aller jusqu’à signer des accords de paix avec ces marrons, comme dans le cas de la reine Nanny en Jamaïque ou le Roi Benkos en Colombie; ce dernier ayant établi un peuplement qui reste jusqu’à présent le seul peuple d’Afrodescendants de langue espagnole qui conserve un dialecte et un lexique basé sur les langues africaines Bantus et la langue espagnole.
L’esclavage et la soumission à de nouveaux styles de vie ont été vécus par leurs ancêtres, de même que par les nôtres. Ils sont tous arrivés par le ‘bateau négrier’, à la différence que certains furent vendus au Nord et les autres dans la Caraïbe, au Centre et au Sud. Il est important de tout de suite clarifier et faire remarquer que nos frères et sœurs du nord n’ont pas eu la chance de se retrouver dans la même topographie complexe et sous développées des dernières régions mentionnées; où il y eut de plus grandes possibilités de conserver des caractéristiques originales des nos ancêtres africains… que l’on peut percevoir de nos jours dans la musique, l’art, les lettres, la gastronomie et les styles et coutumes de la vie en général.