L’accord historique conclu entre Maurice et le Royaume-Uni sur la souveraineté des îles Chagos est aujourd’hui menacé par le retour de Donald Trump à la Présidence des États-Unis. Cet accord, considéré comme une avancée importante pour les autorités de Port Louis, vise à transférer la souveraineté des Chagos à Maurice, tout en laissant en place la base militaire américaine de Diego Garcia, un point névralgique de la stratégie américaine dans l’océan Indien.
Le retour des Chagossiens sur leurs îles d’origine constitue une revendication centrale de Maurice et de la communauté chagossienne. Les Chagossiens, dispersés entre Maurice, le Royaume-Uni et les Seychelles, réclament le droit de rentrer chez eux. Ils avaient été expulsés, dans les années 1960, pour permettre l’installation de la base militaire. Cependant, la présence militaire américaine complique ce retour, surtout dans un contexte politique instable qui pourrait être exacerbé par une administration Trump.
La base de Diego Garcia au cœur des enjeux géopolitiques
Diego Garcia, la principale île de l’archipel, accueille une base militaire stratégique pour les États-Unis. Utilisée comme point de départ pour des opérations en Asie et au Moyen-Orient, cette base est très stratégique pour Washington. Maurice a accepté de laisser la base en place, mais si Trump revient au pouvoir, les États-Unis pourraient imposer de nouvelles conditions pour prolonger leur présence militaire. Décision qui pourrait rendre la situation encore plus délicate.
À Maurice, le retour de Donald Trump suscite des inquiétudes. Certains craignent que les États-Unis adoptent une attitude plus rigide et hésitent à approuver le transfert de souveraineté sans garanties accrues. Un tel raidissement mettrait à mal les efforts diplomatiques entrepris par Maurice pour obtenir la pleine reconnaissance de sa souveraineté sur les Chagos.
Le rôle du Royaume-Uni dans la mise en œuvre de l’accord
Le Royaume-Uni, qui avait conclu cet accord avec Maurice, en 2023, se trouve également dans une position inconfortable. Si les États-Unis devaient revenir sur certains termes, le Royaume-Uni pourrait être contraint de réviser son engagement à transférer la souveraineté. La question de la base militaire pourrait ainsi rouvrir des discussions difficiles entre les alliés anglo-américains, au détriment des intérêts mauriciens.
Le retour des Chagossiens et la souveraineté mauricienne impliquent également des questions de préservation de l’environnement de l’archipel. Maurice a exprimé son souhait de protéger l’écosystème fragile des îles. Toutefois, des modifications de l’accord avec les États-Unis pourraient entraîner des restrictions pour Maurice dans la gestion de ces zones. Ce qui, à terme, pourrait freiner la mise en œuvre des projets de conservation écologique et d’accueil des habitants.
Maurice vers un isolement international ?
La reconnaissance internationale de la souveraineté mauricienne sur les Chagos a été renforcée en 2019 par une décision de la Cour internationale de justice, suivie d’un vote favorable à l’Assemblée générale de l’ONU. Mais si les États-Unis décidaient de revenir sur cette décision, cela pourrait affaiblir le soutien international. Maurice pourrait alors se retrouver seule face aux pressions américaines. Ce qui, forcément compliquerait davantage son projet de réinstallation des Chagossiens.