L’Ile Maurice ne dépasse pas 65 km de long et 45km de large et elle se trouve à 2.000 km de l’Afrique. Pourtant, il existe des indicateurs forts qui font de cette ile un exemple stimulant pour l’Afrique. Dans une période de grande incertitude économique mondiale et d’effondrement des cours des matières premières, les investisseurs doivent travailler plus fort pour trouver de solides rendements. Maurice a t-elle le potentiel de les accueillir ?
La réputation de l’île est un facteur important. Pendant des décennies, l’île Maurice a entretenu de bonnes relations avec des organismes africains et internationaux, y compris la Southern African Development Community, l’Organisation Mondiale du Commerce et les Nations du Commonwealth. Le pays a toujours été considéré comme particulièrement stable, ayant opté pour une démocratie de type parlementaire et un système judiciaire indépendant. La Fondation Heritage stipule d’ailleurs dans son index de la liberté économique que l’île Maurice a un système juridique non discriminatoire et transparent.
Maurice a de multiples accords commerciaux bilatéraux à travers l’Afrique, ce qui signifie que les investisseurs mondiaux, les commerçants et les sociétés de private equity ont un accès préférentiel à un certain nombre de marchés africains clés et des centaines de millions de clients. Elle a conclu des traités avec 43 pays et est politiquement et économiquement stable. Cette stabilité provient d’une responsabilisation politique complète, d’élections libres et équitables et d’un secteur des services financiers intelligemment réglementé. La Commission des Services Financiers (FSC) à Maurice est respectée, crédible et est en conformité avec les normes internationales de gouvernance. Notons qu’elle est également membre de la Cour pénale internationale. Stabilité et reddition des comptes ne sont cependant qu’une partie de l’histoire. Maurice occupe le 1er rang sur l’indice Mo Ibrahim de la gouvernance africaine.
Par ailleurs, Maurice dispose également d’une croissance économique soutenue sur une longue période. Le PIB par habitant est passé de 200 $ en 1968 à plus de 7700 $ aujourd’hui et son PIB a augmenté en moyenne annuelle de 5,1% entre 1977 et 2009. Elle a été régulièrement classée par la Banque mondiale comme un pays dont l’environnement des affaires est le plus attractif de la région. Ainsi, l’ile est classée 32ème sur 189 dans le Doing Business 2016 de la Banque mondiale. Maurice est aussi classée 1ère des pays africains sur l’indice de compétitivité mondiale et l’Indice 2015 de liberté économique.
Les infrastructures répondent aux normes internationales. Business Parks of Mauritius Ltd (BPML) a développé des parcs industriels et de business de haute qualité à des prix très compétitifs dans des endroits stratégiques. BPML a été constituée en 2001 afin de placer les nouvelles technologies de l’information (TIC) au cœur de l’économie mauricienne. Au cours des 15 dernières années, elle a créé des projets d’infrastructures physiques, y compris Ebene Cybercity, Business Park Rose Belle et Business Park Solitude. Tout ceci, couplé avec plusieurs incitations financières, ont attiré beaucoup de banques internationales et locales, pour faire de Maurice leur hub régional.
Rajoutons qu’il n’y a pas de contrôle des changes et que les sociétés étrangères peuvent rapatrier librement leurs bénéfices. Maurice a également éliminé la double imposition avec plusieurs pays africains, signant des conventions fiscales qui aident les entreprises basées à Maurice à commercer facilement dans toute la région. Aussi, elle offre des solutions d’optimisation fiscale en exonérant d’impôts l’investissement de capitaux et les intérêts acquis auprès des banques à l’Ile Maurice. Tout cela signifie que les entreprises de private equity (PE) sont en mesure d’offrir aux investisseurs des rendements fiscalement optimaux dans l’une des démocraties les plus transparentes et bien gérées de la région, ce qui explique pourquoi des PE mondiales telles que Quantum Global ont placé des fonds de 3 milliards de dollars à Maurice.
Les investisseurs devraient également reconnaître que Maurice est un pays qui n’a jamais hésité à implémenter des réformes qui favorisent le développement social, un ingrédient important dans le développement d’une main-d’œuvre qualifiée et d’une économie basée sur la connaissance. La dépendance du pays à l’exportation de la canne à sucre a largement reculé, passant de 90% en 1968 à 3,5% aujourd’hui. Il s’agit d’un brillant exemple de réussite dans la sortie de la dépendance à un secteur primaire. Historiquement, les textiles et la fabrication de vêtements, les services financiers et commerciaux et le tourisme ont été l’épine dorsale de l’économie pendant de nombreuses années.
Le secteur des petites et moyennes entreprises est en croissance, fournissant de nouveaux emplois et soutenant la mobilité sociale. Les chiffres de la Banque mondiale montrent que la croissance à l’île Maurice semble durable puisqu’il est prévu une croissance du PIB de l’ordre de 4% par an, et ce jusqu’en 2018.
Voici donc une nation qui a tous les ingrédients clés pour gagner la confiance des investisseurs: la diversification économique, un régime fiscal très compétitif, des accords commerciaux et fiscaux régionaux favorables aux investisseurs, le tout soutenu par une démocratie opérationnelle, un système judiciaire indépendant et une réputation mondiale pour la transparence. Au cours de ces moments imprévisibles, l’île Maurice est une île de stabilité et de fiabilité.
Auteur : Jean-Claude Bastos de Morais, fondateur et président du conseil consultatif, Quantum Global Group.
Article publié en collaboration avec Libre Afrique.