En conflit avec le Premier ministre, le Président de la République de l’île Maurice a décidé ce vendredi de démissionner. Il a prévu de rejoindre l’opposition.
Situation politique tendue à Maurice. Le chef de l’Etat Anerood Jugnauth a annoncé sa démission ce vendredi. Elle prendra effet samedi, puisqu’il a prévu de rejoindre l’opposition. La vice-Présidente Monique Ohsan Bellepeau devrait le remplacer.
Anerood Jugnauth a justifié son retrait de la présidence en invoquant le conflit qui l’oppose depuis plusieurs semaines au Premier ministre Navichandra Ramgoolam. Les germes de ce bras de fer sont nés début mars lorsque l’opposition a annoncé la création d’une coalition d’opposants dirigée par Anerood Jugnauth lui-même. Un projet qui a irrité le Premier ministre qui estime que le Président de la République ne peut pas assurer ses fonctions tout en ayant des responsabilités dans une formation politique. Pour mettre un terme à cet imbroglio, Navichandra Ramgoolam a réclamé un démenti ou sa démission.
« Lorsque je ne suis pas d’accord, je pars »
Mais Anerood Jugnauth a finalement préféré quitter le navire. « Je ne suis pas d’accord avec la philosophie du gouvernement et la manière dont le pays est dirigé », a-t- il déclaré à la presse. « Lorsque je ne suis pas d’accord, je pars », a-t-il ajouté à l’issue d’un réquisitoire contre le gouvernement.
A Maurice, la démission des chefs d’Etat n’est pas rare. En 2000, le Président de l’époque Cassam Uteem, en désaccord avec un projet de loi, avait aussi tiré sa révérence. Âgé de 82 ans, Anerood Jugnauth a été élu en 2003 et reconduit en 2008. Entré en politique en 1963, il a occupé de nombreuses fonctions, dont celles de président de l’opposition parlementaire entre 1976 et 1982, et Premier ministre de 1982 à 1995 et de 2000 à 2003.
A l’île Maurice, le Président est élu pour cinq ans par le Parlement à la majorité simple sur proposition du Premier ministre.