Engagé à 17 ans dans les Forces françaises libres lors de la deuxième Guerre Mondiale, puis défenseur de la lutte pour l’indépendance algérienne, Frantz Fanon, psychiatre, écrivain d’origine antillaise, a été un grand penseur visionnaire. Lui qui n’était pas sur terre pour être d’une race ou d’une couleur de peau est mort le 6 décembre 1961, à l’âge de 36 ans.
D’origine martiniquaise, Frantz Fanon a été inhumé en terre algérienne en décembre 1961. Né en 1925 aux Antilles, il s’était engagé dans la lutte pour la liberté dès l’adolescence. « Pendant la deuxième guerre mondiale, les gouverneurs des Antilles sont pétainistes. Comme plus de 10 000 Antillais, Fanon va faire le voyage en canot jusqu’à Sainte-Lucie, l’île la plus proche sous domination britannique, pour faire dissidence et s’engager dans les forces libres du général De Gaulle. Il a alors 17 ans », raconte l’écrivain guadeloupéen Daniel Maximin. « Très tôt, Fanon se dit qu’il n’est pas sur terre pour être d’une race ou d’une couleur de peau. Il fait passer le message de ses aînés comme Aimé Césaire. Il est pétri de culture caraïbe, de littérature haïtienne et de culture française de résistance, comme le surréalisme.
Psychiatre moderne, homme de plume, il arrivera en Algérie en 1952, à l’hôpital de Blida. C’est en 1952 qu’il écrira « Peau noire, masques blancs » qui étudie et décortique le sentiment de supériorité des blancs et le complexe d’infériorités des noirs, fruits du colonialisme, d’un point de vue psychologique. Ce livre s’ouvre par une citation de Césaire « Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. »
Découvrant la misère des malades, il devient militant anticolonialiste et s’engage dans la lutte pour l’indépendance algérienne. Ce » rassembleur « , qui avait » une passion pour ce qui lie les hommes entre eux malgré leur différence « , marquera son temps d’une présence indélébile. Ces livres soulèvent des tollé, et l’homme dérange autant qu’il séduit. Emporté par une leucémie à 36 ans, il aura juste le temps de terminer » Les Damnés de la terre « . Le livre, préfacé par Sartre, fut interdit en France dès sa sortie. Le texte, qui s’adresse aux colonisés, soulève polémiques, louanges, critiques.
Lire :
Frantz Fanon : humain, trop humain ; Les Editions du Seuil publient le livre de la psychiatre et psychanalyste Alice Cherki, » Frantz Fanon, portrait « . Un témoignage précieux sur la vie de ce psychiatre d’origine antillaise, engagé dans la lutte pour l’indépendance algérienne, et que beaucoup ont mal compris. Alice Cherki remet les pendules à l’heure.
Frantz Fanon, penseur visionnaire : L’Algérie a rendu hommage au psychiatre, écrivain et militant martiniquais Frantz Fanon, lors d’un colloque tenu dans le cadre du 9ème Salon international du livre d’Alger. Homme de plume et de terrain, engagé auprès des Algériens dans la lutte pour l’indépendance, sa pensée visionnaire sur la désaliénation nécessaire de l’homme prend aujourd’hui une résonance particulière.
Abane Ramdane et Franz Fanon, les combattants de la liberté : » Dans les ténèbres gîtent les aigles « , pièce de théâtre adaptée du livre de Messaoud Benyoucef, se veut une invitation à partager un pan de l’histoire de la guerre d’indépendance de l’Algérie entre 1954 et 1962. Bel hommage que celui rendu à Abane Ramdane et Frantz Fanon qui sacrifièrent leur vie pour la liberté des peuples opprimés.