95% de l’énergie produite au Cameroun est le fait d’AES-SONEL, l’ex compagnie nationale d’électricité s’est américanisée et bat, depuis, des records d’impopularité, comme elle a pu le réaliser lors d’un sondage organisé et co-mené avec l’agence de communication AG-Partners Cameroun, en juillet 2012.
(De notre correspondant)
La fée électricité enfermée dans des panneaux solaires à Pitti Gare
Dans une communication maîtrisée, sans effet d’annonces, Schneider Electric a présenté sa réalisation, comme le fruit d’un partenariat gagnant-gagnant entre le groupe français et les forces vives de la Sanaga Maritime. Cela s’est passé le 06 mars dernier lors d’une conférence de presse dans un hôtel de Douala, où les journalistes ont été édifiés sur les tenants de ce projet pilote, déjà expérimenté avec succès au Nigeria et à Madagascar notamment.
La presse camerounaise invitée à cette occasion a été outillée sur le BIP-BOP. Cet acronyme quasi-musical, en ceci qu’il rappelle le bebop et le hip hop en lesquels les mélomanes s’identifient rapidement, signifie en fait Business, Innovation, People at the Base Of Pyramid. Et le produit qui a été offert aux communautés villageoises de Pitti-Gare, dans la Sanaga-Maritime, s’appelle Villasol : une microcentrale de production d’énergie électrique « propre ».
Le 30 mars 2012, sous les auspices du PNUD, le premier centre d’électrification rurale à l’énergie solaire était inauguré au Cameroun, à Muyengue Trouble, village d’environ 1000 âmes, dans la Région du Sud-ouest. Un an plus tard, par le fait du dynamisme des ressortissants de Pitti Gare, qui eux n’avaient pas jamais bénéficié d’une quelconque fourniture d’électricité, de jeunes écoliers camerounais et, de manière générale, la jeunesse villageoise de ce coin vraiment perdu, à une heure de Douala, ont bénéficié de l’accompagnement de l’AER (Agence d’électrification rurale) et de l’ARSEL.
Lesquels ont permis à Schneider Electric de déployer ses ressources techniques auprès d’une population à présent « éclairée », on ne dira pas « illuminée ». D’autres villages suivront probablement, des innovations seront faites sans cesse, et si les retombées ne sont pas surtout économiques, il va sans dire que le groupe engrange, pour son image de marque, des points qui font tellement défaut à Aes Sonel en ce moment.
Fiat Lux (Que la lumière soit !)
Selon les responsables de Schneider Electric, interviewés par Afrik.tv lors de l’inauguration qui a eu lieu le 07 mars, il ne s’agit pas ici d’un investissement pur, les premiers résultats de cette réalisation seront de promouvoir le développement durable, l’autonomisation économique et la réduction de la pauvreté dans la communauté, concernant ce dernier point le président de Schneider International les a résumés sous les aspects de santé et éducation.
On est à limite de la charité, il est plus précisément question d’investissement citoyen, soit ! Il reste que tout ce qui est bon pour l’image d’un tel géant industriel est, in fine, bon pour son économie. Comme dans Kirikou et la sorcière, où tout le village s’est mis à chanter (« L’eau est là ») et à danser quand l’eau que la sorcière Caramba disait avoir tarie est revenue, on a vu des scènes de liesse et ces coups de reins si caractéristiques de la danse bassa dite « assiko ».
On a quand même été étonné (ou pas, finalement !) que nos officiels, nos ministres et gouverneurs qui inaugurent tant de chrysanthèmes ne soient pas là, même à titre symbolique, pour dire que Pitti Gare, c’est peut-être un « Pitti »pas pour le Cameroun, mais de grandes perspectives pour l’électricité dans notre pays. Le préfet l’a dit à sa façon, c’est un début.