Une fois de plus le premier tour de l’élection présidentielle va être reporté. Une fois de plus c’est le peuple malgache qui pâtit des errements d’une classe politique irresponsable qui a mis notre pays au ban des nations. Une clique illégitime veut confisquer le pouvoir à Madagascar au lieu de laisser aux femmes et aux hommes de notre Grande Ile, le choix de leur destin.
(Par Saraha Georget Rabeharisoa)
La tenue d’élections libres, transparentes, est la première étape à franchir pour sortir Madagascar de la grave crise politique dans laquelle est plongé le pays depuis mars 2009. L’illégitimité du pouvoir en place depuis le coup d’Etat et sa non reconnaissance par la communauté internationale ont sérieusement affecté l’économie nationale, fragilisé l’appareil d’Etat et accentué considérablement la précarité et l’injustice sociale
Chaque jour la loi en général et la loi électorale en particulier, sont bafouées. Le processus politique de sortie de crise est bloqué justement parce que certains responsables politiques n’ont que faire de l’Etat de droit, et que les instances chargées de faire respecter la législation tergiversent.
Normalement, il n’était même pas envisageable que Mme Lalao Ravalomanana soit candidate à la présidentielle. Elle vit en exil avec son mari, le président déchu Marc Ravalomanana, en Afrique du Sud depuis trop longtemps pour répondre aux critères de résidence de la loi électorale. De même pour M. Didier Ratsiraka, qui a pris sa retraite depuis de nombreuses années à Neuilly sur Seine. Pourtant la commission électorale spéciale a validé leur candidature.
Le cas d’Andry Rajoelina est plus grave. Il s’agit d’une double violation : violation des accords de transition qui prévoyaient que le chef de la Haute autorité de transition (HAT) ne se présenterait pas au scrutin suivant ; violation de la parole donnée aux médiateurs de la Communauté économique des Etats d’Afrique Australe (SADEC) et de l’Union Africaine (UA).
Quelle image déplorable de notre pays donne-t-on à voir aujourd’hui
à cause de cet entêtement égoïste ?
Je crois pourtant qu’il est très important, voire essentiel, que toutes les composantes du paysage politique malgache soient représentées pour la prochaine course à la présidentielle. Chaque malgache a le droit d’avoir ses opinions politiques, de soutenir son champion, mais dans le strict respect de la loi. Le Parti vert malgache ne craint pas la compétition avec les autres formations politiques, du moment que les règles du jeu démocratique sont transparentes et efficaces.
En tant que présidente du Parti Vert malgache et candidate à l’élection présidentielle, je souhaiterais au contraire montrer au monde que Madagascar n’est pas qu’égoïsme et corruption, affairisme et prédation. Madagascar est riche de ses ressources naturelles c’est vrai. Mais elle est surtout riche de ses hommes et de ses femmes, de ses cultures variées qui s’enrichissent l’une l’autre, de son histoire, souvent douloureuse, de son futur qui, si le pays était bien administré, serait rayonnant.
Dans mon programme, basé sur le principe d’une écologie politique pragmatique, j’ai identifié des priorités claires qui seront les piliers de la politique que je mènerai si les Malgaches me choisissent. Ces priorités n’ont pas été édictées par des organismes internationaux ou des gouvernements amis. Ces priorités viennent du peuple malgache, des préoccupations et des difficultés que mes compatriotes rencontrent dans leur vie quotidienne à Antananarivo, à Tamatave, à Tuléar, à Antseranana, à Tolanaro. Grâce à l’implantation nationale de notre parti, et à la mobilisation de nos 300.000 militants, nous avons pu écouter ces doléances, les prendre à notre compte pour défendre ceux que plus personne n’écoute dans la capitale.
Trois piliers pour une nouvelle politique de développement durable et inclusif
Le programme du Parti Vert de Madagascar – car contrairement à la plupart des autres parti, nous, nous avons préparé un programme pendant quatre ans – repose sur trois piliers : la reconstruction de l’Etat, la résorption de la vulnérabilité des citoyens et la lutte contre la pauvreté, enfin la sécurisation de l’énergie, de la gestion de l’eau et le développement des infrastructures. La mise en œuvre de ces trois piliers passe par la reconstruction d’un Etat fort et juste au service des citoyens, par l’accès aux services de santé et d’éducation pour tous, par la sécurité des personnes et des biens, par la protection de nos ressources naturelles et par leur exploitation raisonnée afin qu’elles servent longtemps au développement du pays et non plus de quelques-uns.
La naissance à Madagascar d’un parti écologiste est en soi un tournant majeur dans l’histoire de notre pays. Depuis plus de cinquante ans d’indépendance, aucun pouvoir n’a pu véritablement créer les conditions d’un essor économique durable et inclusif de l’économie nationale, ni assurer l’amélioration du niveau de vie de nos concitoyens sur le long terme. Notre parti, à l’inverse, répondant à l’appel du peuple malgache propose une politique nouvelle qui permettra de créer des conditions de vie améliorées pour chacun dans un environnement où l’Homme et la Nature puissent s’épanouir. J’ai donc choisi d’inscrire mon futur mandat présidentiel sous le signe de la relance économique durable, du développement humain et de la stabilité sociale.
La dignité de chaque citoyen malgache passera par l’accès aux services sociaux de base et par le renforcement du système éducatif national afin que la jeunesse puisse s’armer intellectuellement et moralement pour affronter les défis futurs. C’est cette nouvelle génération, mieux préparée aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux, qui a soif de sécurité et d’ouverture sur le monde, qui est porteuse d’ambition pour le pays. Cette jeunesse sera le nouveau leadership politique de Madagascar et je m’engage à la défendre. Vive Madagascar ! Vive le peuple malgache !