Il est temps d’en finir avec les discours des pleureuses. Il est plus qu’urgent d’en finir avec les lamentations sans fin. Il est de retrouver le temps de l’action. Et agir, c’est d’abord se débarrasser de l’idéologie des matières premières…
Il est temps d’en finir avec les discours des pleureuses. Il est plus qu’urgent d’en finir avec les lamentations sans fin. Il faut retrouver le temps de l’action. Et agir, c’est d’abord se débarrasser de l’idéologie des matières premières. Le Nigeria, avec 120 millions d’habitants, est le sixième exportateur de pétrole au monde, mais demeure un des pays les plus pauvres de la planète Terre. L’Afrique n’est pas exploitée. Elle est sous-exploitée par les Africains. En effet, le discours sur le pillage des matières premières alimente le défaitisme, la démission et le fatalisme.
Rappelons que le Japon, ce petit archipel n’appartenant pas à la civilisation de type occidental, sans matières premières, est devenu la deuxième économie du monde après les États-Unis. Mais la première puissance financière de la planète qui achète les bons du Trésor américain, et par conséquent finance les déficits budgétaires abyssaux des USA. Le développement du Japon comme celui de toute l’Asie orientale est fondée sur la ressource humaine, sur un investissement dans le capital humain, dans l’intelligence humaine, dans la croyance folle que tout être humain est être humain!
Les discours de pleureuses sur le « scandale géologique » que serait en général l’Afrique et en particulier la République démocratique du Congo, la Guinée, l’Angola ne sont plus acceptables. Dramatiquement, les années blanches se succèdent… les enfants ne vont plus à l’école… les universités sont fermées… les écoles sont closes. Les rues se transforment en pouponnières d’enfants-soldats. Bref, au lieu d’aller à l’école, les enfants vont à la guerre, servent de chair à canon, d’objet sexuel… Une guerre sans enjeux ! Sans enjeux idéologiques. Sans enjeux stratégiques.
L’idéologie des matières premières est un frein au développement de l’Afrique. D’autant plus que les diverses expériences asiatiques prouvent que ce n’est pas avec les matières premières que l’on développe un pays. Ces expériences ne font que confirmer les capacités illimitées de la ressource humaine. Elle est en nous !
Au-delà et par delà, il ne faut pas succomber aux charmes de la facilité, au refus du réel ! Tout ne s’explique pas toujours par l’Histoire. Et l’Histoire n’explique pas toujours le présent. Un exemple : la Chine et l’Inde, deux pays plus peuplés que tout le continent africain, arrivent à s’imposer sur l’échiquier international.
Tragiquement, il y a le thème récurrent du complot. Pour certains, il existerait un complot universel contre le Continent. Un pacte diabolique contre les Africains. On ne peut pas continuer à affirmer que le Sida est une invention, un complot de l’Occident contre les Africains. Et dans le même temps utiliser le virus VIH comme arme chimique du pauvre. Et les viols et les viols de masse et crimes sexuels de masse comme armes de destruction massive pour contaminer et exterminer d’autres Africains.
Ce constat est d’autant plus accablant que l’organisation de la santé (OMS) note que sur les quelque 10,5 millions d’enfants qui meurent dans le monde avant l’âge de 5 ans, plus de la moitié sont en Afrique.
C’est dire, qu’à force d’imputer à l’Etranger, on accrédite paradoxalement le discours colonial : « Les Africains sont des Grands enfants ». Il y a une logique d’auto-enfermement, d’auto-exclusion de la modernité et de l’économie planétaire. Le Président Jacques Chirac exprimait ainsi ce pessimisme culturel teinté d’esthétisme pour les Arts premiers. « Il est temps de reconnaître que l’Afrique n’est pas prête pour le libre-échange avec les pays développés. »
Cette infantilisation de l’Africain à des conséquences catastrophiques. En effet, elle aboutit à les rendre ou les considérer comme irresponsables. Pire, à leur dénier la qualité « d’Être humain », comme tous les autres humains qui peuplent la planète Terre, capable du Bien comme du Mal. Paradoxalement, l’idée coloniale, voire nazie de race inférieure, est sous jacente dans le discours des pleureuses des Sanglots de l’Homme noir. Cette intériorisation de l’infériorité est virtuelle mais réelle.
Quoiqu’en disent les fonctionnaires de la pauvreté africaine, la principale cause du sous-développement, de la banqueroute du continent, n’est ni historique, ni culturel, c’est la guerre, les guerres qui rongent et ravagent le Continent noir. Le Mal, ce sont les guerres de rapines.
En effet, les guerres ont été responsables de plus de 35 % des urgences alimentaires dans le monde entre 1992 et 2003, contre 15% dans la période entre 1986 et 1991. Au passage, faut-il rappeler que 61 % des pays africains frappés par des crises alimentaires sont des pays en guerre. Faut-il rappeler que plus de la moitié des opérations de maintien de la Paix de l’ONU, des Casques bleus, se déroulent en Afrique. Des chiffres : 16 000 en République démocratique du Congo, 15 000 au Liberia, 6 000 en Côte d’Ivoire.
Un grand diplomate japonais m’a un jour confié : « Vous les Africains, vous n’avez pas l’agressivité nécessaire pour survivre dans le monde contemporain ». Ce diplomate parlait couramment le lingala et le bamiléké. Les Africains sont responsables de leurs actes. Alors il faut se battre et en premier lieu contre nous-mêmes. Car il faut en finir avec les sanglots de l’Homme noir.
Bolya, écrivain congolais auteur de : Afrique, le maillon faible