Les difficultés du secteur aérien au Sénégal pénalisent fortement les exportations de poisson frais. L’irrégularité du trafic et la mise en place de nouvelles taxes sur les chargements mettent en péril le premier secteur d’exportation du pays.
Avec la faillite de la Swissair-Sabena et la suspension des vols de la Lufthansa, le trafic aérien, dont Air France détient pratiquement le monopole, est devenu très incertain au Sénégal. Un malheur n’arrive jamais seul : l’imposition sur le fret s’est également alourdie de plusieurs taxes. Une » taxe de sûreté « , de 75 F cfa/kg (100F cfa = 1FF), est notamment exigée par les compagnies à la suite des attentats du 11 septembre. Ces contraintes sapent les conditions de travail des exportateurs de poisson frais dont le secteur fait vivre, directement ou indirectement, 400 000 employés.
Un marché intérieur saturé
» En fait, nous sommes victimes de ce que l’on appelle » les débarquements partiels « . On nous assure que l’on peut transporter 100 colis, mais au dernier moment on nous informe que seuls 50 peuvent passer « , constate amèrement Cheikh Fall, président du secteur poisson frais du Groupement des armateurs industriels de la pêche. Le Sénégal produit 507 000 tonnes de poissons par an et occupe à ce titre le 30è rang mondial par l’exploitation de ses réserves halieutiques.Les négociants doivent donc faire face à une hausse des conditions de chargement alors que le marché local ne peut absorber, même à perte, les excédents de production destinés à l’export. Le manque à gagner est difficile à chiffrer, mais notre interlocuteur déplore pour sa part 3 400 000 F cfa de perte sèche par semaine.
Il faut développer Air sénégal
» Nous serions comblés par le retour de la Swissair, qui assurait des vols à prix standards et un service impeccable toute l’année , explique Cheikh Fall, mais si ce n’est pas possible, il faut trouver une solution locale. Air France ne couvre pas nos besoins et Air Italia affiche des prix bien trop élevés, profitant de la situation. De plus, l’exportation en direction de l’Allemagne est largement compromise et nous risquons même de perdre le marché. « . Et de conclure : » Un pays ne peut développer ses exportations en étant tributaire des compagnies étrangères de transport maritime et de transport aérien. Il faut développer Air Sénégal. « .
Pour le moment, aucune mesure n’est cependant envisagée pour mettre fin à la crise.