IHS Africa, les leçons d’une spectaculaire réussite


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Placée sur le marché en forte expansion de la fourniture d’infrastructures de transmission et de services de maintenance pour les opérateurs Telecoms, la société IHS Africa, implantée au Nigeria, a connu une croissance fulgurante, qui se poursuit à un rythme effréné. Son PDG, Issam Darwish, revient pour Afrik.com sur la situation de ce marché et sur les perspectives de coopération économique internationale qu’il ouvre.

Afrik.com : Quel est l’état du secteur des Telecoms en Afrique ?

Issam Darwish : Les opérateurs sont confrontés aux enjeux d’une demande croissante de transport de la voix, alors que les revenus par abonné baissent, et qu’ils doivent réaliser une densification massive de leurs réseaux pour accueillir le trafic de « datas » qui ne représente encore que 5 à 10% du trafic. La plupart des opérateurs adoptent désormais les services de sociétés comme IHS, qui assurent des infrastructures partagées.

Du fait de son expérience et de la taille que la société a atteinte, il nous est désormais possible de donner accès à des émetteurs de haute fiabilité, à des coûts inférieurs à ceux de la plupart des opérateurs, dont le premier souci est le marketing de leurs offres et non d’opérer leurs émetteurs ou a fortiori de les mettre en commun.

Afrik.com : L’Afrique est à la pointe de l’innovation dans le domaine des Telecoms, quelles sont les prochaines étapes ?

Issam Darwish : Dans la plupart des pays d’Afrique, le service cellulaire est la seule solution viable pour le transport des voix et des données. A la différence de l’Europe, les réseaux en fibre optique sont beaucoup trop coûteux à déployer pour répondre aux besoins de bande passante. Mais comme la demande de bande passante est universelle, l’Afrique va progressivement se reposer totalement sur les réseaux mobiles et elle risque de doubler l’Europe dans l’adaptation de cette technologie.

Le transfert rapide des données sur les réseaux réclame des opérateurs le déploiement de beaucoup de plus de relais qu’ils en utilisaient jusque là pour transporter la voix seule et cette explosion de la demande ne peut que conduire à une utilisation optimale des sites d’émission existants. C’est pour sa qualité de service en général et son impartialité dans leur distribution que IHS réussit à fournir mieux, de manière partagée, des outils de transmission que les opérateurs Telecoms auraient du mal à déployer chacun pour soi. Mieux encore : alors que le trafic des « données » réclame une disponibilité croissante de bande passante. IHS offre aux opérateurs un partage « actif » des capacités disponibles, y compris en câble et en transmission micro-ondes haute capacité.

Afrik.com : Quelles sont les clés d’une telle réussite?

Issam Darwish : IHS, qui a été créé par des ingénieurs des Telecoms il y a dix ans, a constamment dépassé ses ambitions de croissance en privilégiant la demande de qualité de service des principaux opérateurs Telecoms (comme MTN, Airtel, Etisalat et Zain). Après avoir prouvé son savoir faire comme constructeur de sites d’émission et de relais téléphoniques au Nigeria (avec plus de 2000 sites construits) IHS s’est étendu au Ghana, au Soudan et au Sud-Soudan avec des services d’exploitation de sites d’émission (4000 sites supplémentaires) et en achat et propriété de sites (actuellement plus de 850).

Le coeur du métier d’IHS, c’est de fournir des infrastructures « passives » (des tours d’émission) ainsi que la fourniture d’énergie et des garanties de sécurité. Nous combinons ces activités avec la maintenance « d’équipements Telecoms actifs », qui crée également des économies supplémentaires pour les opérateurs Telecoms. Même dans les zones où le réseau électrique est quasiment inexistant, IHS garantit l’approvisionnement en énergie jusqu’à plus 99,90% du temps, ce qui est essentiel pour la qualité de service des opérateurs, et notre société maîtrise des schémas d’utilisation énergétique efficaces. Le tout combiné avec un soutien fort de ses actionnaires (parmi lesquels IFC, Investec, FMO, ECP en Skye Bank), ces raisons vont permettre à IHS de doubler le nombre de sites sous contrôle direct en 2012, pour atteindre 5000 sites dans les deux ans qui viennent et 10 000 dans 5 ans en Afrique et dans le Moyen-Orient.

Afrik.com : Comment voyez-vous le partenariat entre la France et l’Afrique ?

Afrik.com : La population africaine devrait croître fortement dans les prochaines années pour atteindre les 2 milliards d’êtres humains autour de 2050. Après une très longue stagnation, les pays développés commencent à sentir la croissance potentielle que va connaître le continent. La France a été en avance pour trouver les moyens de soutenir cette croissance. C’était encore évident avec la tenue du Forum de Partenariat africain cette année en avril à Paris, sur le thème « Croissance économique, investissement privé et création d’emplois ». Parmi les thèmes exposés : les tendances économiques en Afrique, l’intégration des marchés régionaux et les investissements dans les infrastructures.

IHS dispose des partenariats techniques offerts par les deux plus gros fournisseurs d’infrastructures Telecoms français (Sagemcom et Camusat) ce qui nous aidera à maintenir notre stratégie de vente groupée de toutes les infrastructures et des services qui en assurent la maintenance.

Afrik.com : Le Nigeria est le deuxième partenaire commercial de la France en Afrique. Comment peut-on faire avancer les liens économiques entre la France et le Nigeria ?

Issam Darwish : Alors même que le Nigeria a été dans le champ de vision de nombreux pays, parmi lesquels la France (dont le Groupe Total est très présent) ce pays accueille les bras ouverts tous les investissements qui sont de nature à faire baisser la dépendance du pays à la seule production de pétrole. La France a dépassé le Royaume Uni comme partenaire d’investissements dans les domaines du pétrole, ou de la construction, et a accru sa capacité d’investissement dans la production d’énergie par exemple : elle est attendue les bras ouverts pour contribuer au futur développement de l’économie nigériane.

Afrik.com : Votre ambition vous conduit-elle ailleurs qu’en Afrique anglophone ?

Issam Darwish : Oui, nous avons une ambition pour les pays d’Afrique francophone, notamment au Cameroun et en Tunisie. Par ailleurs, nous réfléchissons à une éventuelle expansion de notre société au Moyen-Orient, entre autre.

Afrik.com : Ne craignez-vous pas la concurrence ?

Issam Darwish : L’Afrique est un continent gigantesque et bien évidemment il est impossible d’échapper à la concurrence ! Nous avons déjà deux voire trois concurrents directs… Mais ce secteur, avec les besoins croissants d’équipements des Telecoms, représente un marché colossal et nous ne sommes pas du tout inquiets de la concurrence.

Afrik.com : Quel est votre Chiffre d’Affaires ?

Issam Darwish : Il s’établit aux alentours de 120 millions de dollars.

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