L’ancien Premier ministre sénégalais Idrissa Seck a été disculpé des accusations d’atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale qui le retiennent en prison depuis sept mois. Encore inculpé dans l’affaire des chantiers de Thiès, il refuse de demander la liberté provisoire et ne souhaite sortir de prison que lorsqu’il aura été totalement blanchi, selon ses proches.
Idrissa Seck ne sera pas poursuivi pour « atteinte à la sécurité de l’Etat et à la défense nationale ». Le procureur chargé du dossier est allé dans le sens de la doyenne des juges, Seynabou Ndiaye Diakhaté, qui n’avait pas trouvé de quoi maintenir le chef d’accusation contre l’ex prodige de la politique sénégalaise. C’est pourtant par celui-ci que les agents de la Division des investigations criminelles (DIC) avaient pu prolonger la garde à vue de l’ancien Premier ministre sénégalais, le 16 juillet dernier, puis expliqué sa mise en détention. «Idi» Seck venait d’être arrêté pour l’affaire des chantiers de Thiès, une ville dont il est le maire, et dans laquelle il est accusé de dépassements frauduleux.
« Depuis le début, j’ai dit qu’Idrissa Seck était totalement innocent des faits qui lui sont reprochés. Et c’est certainement pour donner de l’épaisseur aux accusations concernant les chantiers de Thiès qu’il fallait ajouter autre chose », s’est réjouit Oumar Sarr, chef de file des députés du Parti démocratique sénégalais (PDS) fidèles à l’ex-chef du gouvernement. Une semaine plus tôt, des responsables de ce même parti loyaux au Président Abdoulaye Wade, avaient dans cette guerre intestine assuré que même s’il était blanchi, Idrissa Seck serait indésirable au PDS.
Idy Seck reste en prison
Le Président Wade, qui l’a chargé dans l’affaire des chantiers de Thiès, a lui-même récemment fait part de ses doutes quant à la culpabilité de son ancien protégé dans le dossier d’atteinte à la sûreté de l’Etat. De son côté, la Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme) avait estimé par la voix de son secrétaire général, Alioune Tine, le 16 janvier dernier, que « l’ancien Premier ministre doit être libéré sur la base de la présomption d’innocence. Car si sa culpabilité n’est pas établie, sa détention devient injuste, arbitraire et inacceptable ». Par ailleurs, tous les proches d’Idrissa Seck arrêtés pour complicité dans ce dossier avaient été les uns après les autres mis en liberté provisoire.
Toujours incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss, il refuse de demander une libération provisoire sur l’affaire des chantiers de Thiès, comme le clan présidentiel aurait cherché à l’en convaincre. Egalement poursuivi pour un délit mineur de « sortie irrégulière de correspondances » de la prison, le maire de Thiès « n’entend en sortir qu’entièrement blanchi par la justice de son pays », selon ses avocats
Les députés sénégalais, en majorité acquis au Président, ont couplé les élections législatives, qui devaient se dérouler en 2006, aux présidentielles de 2007. Une décision que le Conseil constitutionnel, saisi par l’opposition, s’est récemment déclaré incompétent à juger. Idrissa Seck, qui est un présidentiable en puissance, devra s’être refait une santé avant cette date.