Ibrahim Traoré : « Les gens n’ont pas préparé la guerre » au Burkina Faso


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Ce vendredi, veille du premier anniversaire de son accession au pouvoir, le capitaine Ibrahim Traoré s’est adressé à ses compatriotes. Dans une interview, d’environ une heure, accordée à trois médias locaux et diffusée à la télévision publique burkinabè, le président de la Transition s’est penché sur toutes les questions sensibles du moment parmi lesquelles la sécurité et les élections.

Ce samedi 30 septembre 2023, le régime du capitaine Ibrahim Traoré célèbre son premier anniversaire à la tête du Burkina Faso. Un parcours qui n’a pas été sans embûches, comme le rappelle Ibrahim Traoré au début de l’entretien. « L’itinéraire emprunté est difficile », commence le Président burkinabè, ajoutant qu’il y a « une lutte à mener contre l’impérialisme » sur toutes ses formes. Pour le capitaine, les impérialistes ne sont « pas uniquement ceux qui sont à l’extérieur », mais il y a « surtout les valets locaux » qui sont sur place.

Un engagement ferme à reconquérir tout le territoire

Sur la question de la reconquête du territoire national, en partie occupé par les groupes terroristes, Ibrahim Traoré s’est montré on ne peut plus ferme. « Toutes ces zones, où on est absent, depuis des années, nous allons y aller. Ce seront des batailles très dures, il faut s’y attendre, mais nous sommes là pour ça. Il n’y aura pas de partie du Burkina où nous ne pourrons pas mettre les pieds », déclare le président de la Transition. Et de dénoncer l’impréparation de l’État burkinabè à faire front contre le terrorisme avant son accession au pouvoir. Des révélations ahurissantes qui démontrent que les autorités, au plus haut niveau du Burkina Faso, jouaient avec la menace terroriste.

« Nous sommes à l’introduction, comme nous l’avons dit (…) Nous avions beaucoup de soucis. Que ce soit les effectifs, l’organisation, l’équipement. Ce n’était pas ça. On se disait qu’il y avait de la logistique, des armes, mais qu’on ne voulait pas nous donner. Mais on est arrivé et on a constaté que ce n’était pas le cas. Il n’y avait rien, les gens n’ont pas préparé la guerre. La première des choses, c’était de chercher à savoir ce qu’il y avait dans nos soutes. Il n’y avait rien, on ne pouvait même pas trouver 200 Kalachnikovs en réserve. Il fallait s’équiper. Nous avons, au moins 10 000 fois peut-être, cette quantité aujourd’hui », a fait observer le capitaine. « Nous n’avons pas compris comment on n’a pas pu s’équiper, avoir un minimum pour faire la guerre. On était très surpris de voir qu’on n’avait rien », s’est indigné le capitaine.

La sécurité totale avant les élections

La sécurité est au-dessus de toutes les préoccupations, selon le Président burkinabè. « Il n’y aura pas d’élection qui va se concentrer uniquement à Ouaga et à quelques villes alentour. Il faut que tous les Burkinabè choisissent leur Président. Il faut que ceux qui vont postuler puissent aller partout au Burkina faire leur campagne, etc. Donc il faut qu’on assure la sécurité d’abord. Ce (l’élection, ndlr) n’est pas une priorité, je vous le dis clairement. C’est la sécurité qui est la priorité », a martelé le chef de la transition.

Ibrahim Traoré remet ainsi en cause l’échéance de juillet 2024 initialement annoncée pour la tenue des élections. Mais, il ajoute : « notre pari tient toujours », rappelant le fait que depuis « le premier jour, [il avait] fait comprendre aux gens [qu’il] souhaite faire le minimum de temps possible » dans la lutte contre l’insécurité et donc à la tête de l’État. Pour Ibrahim Traoré, il n’y a pas de doute que les élections seront organisées, mais seulement au moment où la sécurité sera garantie sur toute l’étendue du territoire burkinabè.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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