Les ex-rebelles ivoiriens des Forces Nouvelles assurent que leur ancien compagnon d’armes Ibrahim Coulibaly a tenté d’organiser un putsch, jeudi, à Bouaké. Le Bénin, où le sergent-chef a trouvé exil, est également convaincu que le militaire tente de déstabiliser la Côte d’Ivoire et l’a déclaré persona non grata. L’intéressé nie pour sa part toute responsabilité.
Ibrahim Coulibaly refait parler de lui. Et pas en bien. « Jeudi 27 décembre, aux environs de 20H30, des individus fortement armés ont attaqué au quartier « Air France » de la ville de Bouaké (Centre la Côte d’Ivoire, ndlr) une patrouille des FAFN (Forces armées des Forces Nouvelles, ndlr) », indiquait un communiqué du général Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major des FAFN. Ce document indique que l’attaque s’est soldée par la mort de Seydou Traoré, le cerveau présumé de l’opération et fidèle d’Ibrahim Coulibaly, et l’arrestation d’une vingtaine d’éléments chez les assaillants.
Accusé de tentative de « coup d’Etat »
Les militaires mis aux arrêts appartiennent tous à l’unité sous contrôle du numéro deux de l’état-major des FAFN : le commandant Issiaka Ouattara. Ce responsable militaire, surnommé Wattao, a été mis hors de cause par son supérieur. En revanche, poursuit le communiqué, « les éléments faits prisonniers lors des derniers événements ayant conduit à la mort de certains de ses hommes prédisposés à Bouaké désignent bien le sergent-chef Ibrahim Coulibaly comme le principal instigateur des troubles ».
Les Forces Nouvelles (FN) qui ont cessé la rébellion et rejoint le gouvernement accusent Ibrahim Coulibaly, leur ancien compagnon d’armes évincé en 2004, de tentative de « coup d’Etat ». Ils lui imputent aussi l’attentat raté contre le premier ministre Guillaume Soro, en juin dernier. Le Bénin dit avoir vérifié les accusations de tentative de déstabilisation et a conclu, par la voix de son ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, qu’« en agissant ainsi, IB vient de rompre son statut de réserve et de respect des principes fondamentaux pris vis-à-vis des autorités béninoises ».
« IB » nie en bloc
Depuis vendredi, Ibrahim Coulibaly est donc indésirable au pays du président Boni Yayi. Ben Rassoul Timité, le « chef de cabinet privé » d’IB, a expliqué à l’AFP que l’accusé n’était « pas informé de cette interdiction de séjour ». Il est alors peut-être toujours au Bénin, ce dont doutent les FN, qui assurent que le sergent-chef a même quitté le petit pays ouest-africain avant l’ordre d’expulsion. Pas improbable, si l’on en croit Ben Rassoul Timité, qui avait déclaré à l’AFP qu’« IB » « sera de retour d’ici la fin de l’année » et « sera candidat aux élections présidentielles » prévues en 2008.
Reste qu’Ibrahim Coulibaly nie en bloc les accusations portées contre lui. Faisant référence aux événements de jeudi, il a expliqué à RFI : « C’était juste des prétextes pour procéder à des exécutions sommaires et personnelles. En réalité, les Forces nouvelles cherchent des alibis pour ne pas désarmer. Chaque fois qu’il en est question, elles créent des situations pareilles pour refuser de désarmer. Il n’y a jamais eu d’attaque d’une quelconque patrouille des Forces nouvelles ».
Se préparant à toute éventualité, la Côte d’Ivoire se prépare à empêcher une éventuelle attaque destinée à mettre en péril les Accords de paix de Ouagadougou, signés en mars dernier dans la capitale burkinabè. D’autant que le processus de désarmement des anciens combattants, que les FN ont intégré le 22 décembre, souffre de fortes tensions.