Nja Mahdaoui, le célèbre calligraphe tunisien vous propose la vie du « plus grand des maîtres soufis », Ibn Arabi, dans son livre Le Maître d’amour. Une vie narrée par l’écrivain Rodrigo de Zayas, autour de 60 compositions de l’artiste et de vers d’Ibn Arabi magnifiant l’Amour dans ses multiples assertions. Un régal pour les yeux et une petite initiation à la mystique soufie.
Muhyî-ed-Dîn Ibn’Arabi, c’est le « Maître d’amour ». Il est raconté dans un magnifique livre éponyme du célèbre calligraphe tunisien, Nja Mahdaoui sous la plume de l’écrivain espagnol Rodrigo de Zayas. Ibn Arabi est né le 27 ramadan 560 de l’hégire (7août 1165) dans le Royaume de Murcie en Andalousie de parents yéménites. A quinze ans, lorsqu’il rencontre Averroés, ami de son père, il se révèle être déjà le grand mystique qu’il deviendra. Celui que l’on nomme également Al-Sheikh al-Akbar, ce qui signifie, en arabe, « le plus grand de tous les maîtres » reste un des plus grands maîtres soufis. La mystique soufie est construite autour d’un principe fondamental : « c’est à travers l’extase amoureuse », (au sens spirituel du terme) que le soufi peut « éventuellement » faire « un avec Dieu ».
Mystique de l’Amour
Le coeur du soufi « professe la religion de l’Amour ». « Quelque direction que prenne ma monture, l’Amour est ma religion et ma foi ! » Dixit Ibn Arabi. De quoi vous faire entrevoir l’un des nombreux visages du monde musulman et arabe en cette période post-11 septembre 2001. Mahabba, l’Amour en arabe, un concept récurrent dans l’oeuvre d’Ibn Arabi qui lui vaut d’être désigné comme le « maître d’amour ». Un récit donc de la vie de Ibn Arabi, illustré par soixante compositions de Nja Mahdaoui que traverse des extraits des textes majeurs d’Ibn Arabi consacrés à l’amour (Le Traité de l’amour et L’Interprète des désirs).
Parcourir ce livre de 136 pages est un véritable éblouissement pour les yeux. Et pour cause, les compositions sont si lumineuses. Et cela ne tient pas nécessairement aux illustrations en or. Cela relève plutôt de l’agencement des teintes, doré sur rouge, sur noir ou encore sur un dégradé de bleu. Cette luminosité est également le fait d’assortiments inattendus de couleurs. Par exemple – mauve, prune et vert – dont le résultat est du plus bel effet. Les compositions qui mettent en scène les trois tons forts que sont le rouge, le noir et le doré attireront peut-être plus particulièrement votre regard. Tout cela pour dire que le Maître d’amour ne doit pas être décrit mais vu et…lu, entre autres, par les amoureux de poésie.
Prose, poésie et calligraphie
Certains de ces futurs lecteurs s’inspireront peut-être des vers enflammés d`Ibn Arabi. « Nous nous révèlerons la passion/Que l’un pour l’autre nous éprouvons/Nous nous dirons l’âpreté de l’épreuve/Les douleurs de l’extase. » Des vers qui ont valu à son auteur d’être accusé d’écrire des « frivolités érotiques». Ce qui n’a jamais remis en cause l’immense contribution d’Ibn Arabi, auteur de plus de 800 ouvrages, au développement de la mystique soufie. En tout cas, c’est ce que l’on apprend dans cet ouvrage, heureux mélange des genres.
Ce livre est le septième ouvrage de Nja Mahdaoui qui n’en est pas à sa première collaboration avec Rodrigo de Zayas. Le calligraphe est né en 1937 à Tunis. Son oeuvre est internationalement reconnue et ses oeuvres ont été exposées dans le monde entier. De Londres á Tokyo en passant par Tunis, Paris et Amman. En ces fêtes d’année, Le Maître d’amour est un beau livre á offrir á tous les amoureux de la belle calligraphie, à tous ceux que le soufisme intéresse et peut-être…tout simplement à tous ceux que vous aimez.
Le Maître d’amour de Nja Mahdaoui, texte courant de Rodrigo de Zayas, Editions Albin Michel.
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