Décrié après la libération de quatre terroristes en échange de la liberté de l’otage français Serge Lazarevic, le Président malien Ibrahim Boubacar Keita a tenu à s’exprimer sur la question, lors de son discours à la clôture du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique. Il a assuré que Bamako n’a pas fait preuve de laxisme en les libérant et qu’ils seront traqués jusqu’au dernier.
Face à la polémique qui enfle sur la libération de quatre terroristes, dont l’un des ravisseurs, en échange de la liberté de l’otage français Serge Lazarevic, Ibrahim Boubacar Keita n’a pas eu d’autres choix que de s’exprimer sur la question, lors de la clôture du Forum pour la paix et la sécurité en Afrique, à Dakar.
Le Président malien a en effet été décrié dans son pays, notamment par la presse, les ONG de défense des droits de l’Homme, sur les réseaux sociaux, lorsque tous ont appris que la liberté de l’ex-otage français était au prix de la libération de quatre terroristes qui pèsent lourd, dont Ag Wadoussène, vu comme l’un des principaux ravisseurs du Français. Détenu durant trois ans par des éléments d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), son rapt avait eu lieu dans la ville de Hombori. « Nous savons ce que nous faisons et ce qu’on doit faire. J’aurais préféré qu’on les garde en prison, mais nous n’avions pas le droit de laisser un innocent pendant trois ans aux mains des terroristes », a déclaré le Président malien. Mardi soir au micro de RFI, il a assuré que les terroristes libérés seront traqués et traduits devant la justice.
Les ONG de défense des droits de l’Homme telles que la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) et la section malienne d’Amnesty International, n’ont pas caché leur indignation sur les conditions de libération de l’ex-otage français : « Tout en saluant la libération de Serge Lazarevic, nos organisations restent indignées », ajoutent ces ONG, décrivant Ag Wadoussène comme « l’organisateur principal de l’enlèvement ».
Ces organisations accusent également Paris d’avoir mis le couteau sous la gorge de Bamako pour la libération de l’otage. C’est le cas du responsable Afrique pour la FIDH, Florent Geel : « Les autorités maliennes avaient libéré ces détenus sous la pression française. C’est un paradoxe de voir des individus libérés dans le cadre de la libération d’otages qu’ils ont eux-mêmes aidé à capturer ». Pas sûr que la réponse du dirigeant malien puisse faire tomber la polémique qui a déjà enflé.