Le chanteur de reggae sud-africain Ras Dumisani a écorché son hymne national vendredi dernier, en prélude au test-match de rugby France – Afrique du Sud au stade de Toulouse. La polémique suscitée dans les deux pays a dégénéré en querelle diplomatique. Ras Dumisani rejette la responsabilité du « massacre » sur les mauvaises conditions dans lesquelles il a interprété le chant.
Les supporters et dirigeants sud-africains ne décolèrent pas. On a sciemment « massacré » leur hymne national vendredi dernier, en prélude au match de rugby France/Afrique du Sud au stade de Toulouse, qui a vu les Bleus l’emporter face aux Champions du monde en titre 20 à 13. Choisi pour interpréter le «Nkosi Sikelel’ iAfrika» («Dieu bénisse l’Afrique», l’hymne national sud-africain), le chanteur de reggae sud-africain Ras Dumisani est le principal accusé. Les commanditaires sont les autorités de la Fédération Française de Rugby (FFR) qui l’ont choisi comme interprète.
Depuis samedi, les réactions sud-africaines à la mauvaise interprétation du chanteur sud-africain Ras Dumisani se multiplient. Lors de la conférence d’après match, l’entraîneur des Springboks (joueurs de l’équipe de rugby sud-africaine) Peter De Villiers avait ouvert les hostilités en déclarant que « les Français n’avaient pas respecté l’hymne sud-africain », qui avait été « chanté par quelqu’un qui ne chantait pas bien ». Déclaration à laquelle avait aussitôt répondu le manager du XV de France Jo Maso samedi en affirmant que le choix de l’interprète de l’hymne s’était porté sur un chanteur recommandé par l’ Ambassade d’Afrique du Sud en France.
De retour au pays, il semblerait que les Springboks se soient plaint auprès de leur fédération sportive. Prompte à réagir, l’Union sud-africaine de rugby (SARU) s’est dite « choquée et horrifiée » par l’interprétation de l’hymne national, dans un communiqué publié ce lundi. Son président, Oregan Oskins a estimé que « quelque chose s’est vraiment passé de travers à Toulouse et le résultat est qu’une offense a été faite non seulement aux Springboks et à la SARU mais aux Sud-africains en général ».
Ras Dumisani accuse un micro défaillant
Pointé du doigt, Ras Dumisani se défend pourtant d’avoir mal chanté. Il met en cause des conditions techniques « honteuses » qui l’ont conduit à devoir crier au lieu de chanter. « Nous avons été très mal reçus par la FFR, souligne sa manageuse Danièle Haistre. Quant aux répétitions dans le Stadium, le volume du micro était trop faible et il n’avait pas d’oreillette. Ras ne pouvait pas s’entendre, c’est pour cela qu’il a dû crier lors de sa prestation ».
La voix chevrotante, hésitante même, comme s’il ne connaissait pas les paroles de son hymne (le Nkosi Sikele’iAfrika est composé de quatre langues), Ras Dumisani en a fait sourire plus d’un dans le stade. Sur les images télévisées de la rencontre, les visages des supporters et joueurs sud-africains expriment l’incompréhension, voire l’énervement. Certains, au contraire, ne parviennent pas à réprimer leurs rires.
« Chanter dans de telles conditions relève du courage, justifie Danièle Haistre. Ras Dumisani récolte un tollé aujourd’hui mais il faut que les gens sachent comment les choses se sont déroulées. La balance de son en répétition était fausse et le vestiaire qu’on nous a alloué sale. La FFR l’a sciemment déstabilisé ». Problème technique réel ou stratégie défensive, Ras Dumisani cristallise malgré lui toutes les tensions entre les deux fédérations de rugby.
Fédérations de rugby sud-africain et français se renvoient la balle
Réagissant à son tour aux propos du manager du XV de France, l’ Ambassade d’Afrique du Sud en France s’est fendue d’un communiqué ce mardi dans lequel elle confirme avoir soumis le nom de Ras Dumisani à la FFR, mais que « cela ne constituait en rien une recommandation », rejetant la responsabilité du choix de Ras Dumisani sur la FFR. Cette dernière par la voix de son président Pierre Camou n’a pas tardé à clamer de nouveau « sa bonne foi » en expliquant avoir respecté la procédure habituelle en prenant conseil auprès de l’ Ambassade.
Dans le pays de Mandela, la polémique ne désenfle pas et Ras Dumisani est cloué au pilori par une fédération sportive puissante dans un pays où le ballon ovale surclasse le ballon rond. Médias, fédérations, unions de fans de rugby, les accusateurs ne manquent pas. La Ligue des jeunesses communistes d’Afrique du Sud le « décrit comme un opportuniste, un escroc, un massacreur de gammes, et une honte pour notre pays ». Dernière hostilité en date, un groupe Facebook appelé « interdire Ras Dumisani de chanter » a été créé ce lundi. Il compte déjà 1000 personnes.