Le suspect numéro un dans le braquage du siège de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest, le 27 août dernier à Abidjan, a été appréhendé mardi à l’aéroport de Ouagadougou. En escale au Burkina, Sia Popo Prosper avait quitté le Ghana pour rejoindre l’Allemagne. Il a été confondu par la police aéroportuaire et a déjà tout avoué.
La cavale du suspect numéro un dans le hold-up du siècle à la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) s’est arrêtée mardi à l’aéroport de Ouagadougou. Sia Popo Prosper, chargé de la sécurité au sein de la banque, aurait joué un rôle déterminant dans le braquage record du 27 août dernier, d’où les malfaiteurs étaient repartis avec plus de 2 milliards de francs cfa (plus de 3 millions d’euros). Trahi par son faux passeport ghanéen, Sia Popo Prosper a été appréhendé par la police alors qu’il faisait escale au Burkina pour se rendre en Allemagne. Il a déjà tout avoué.
L’agent félon de la BCEAO, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, s’était réfugié au Ghana après avoir commis son forfait dans la capitale ivoirienne. Le 2 septembre, il s’y fait délivrer un vrai-faux passeport sous le nom de John Acqah. Son idée : quitter l’Afrique pour l’Europe afin d’échapper à la traque dont il est l’objet dans toute la sous région.
Un anglophone au français trop parfait
Fort de sa nouvelle identité, il espérait facilement abuser la police aéroportuaire burkinabé et embarquer pour une nouvelle vie, mais son voyage s’arrêtera là. Car, pour un Ghanéen, donc anglophone, son français et son accent paraissaient étrangement parfaits. Un indice qui ne manque pas de mettre la puce à l’oreille des agents. Ses talents d’imitateur ne résistent pas à un interrogatoire plus approfondi. Son sang-froid l’abandonne, tout comme sa chance. Au cours de la fouille de ses bagages, la police retrouve ses vraies pièces d’identité ainsi qu’une importante somme en dollars. Sia Popo Prosper est sous les verrous.
Il ne tarde pas à reconnaître qu’il est le principal instigateur de l’incroyable casse de la BCEAO. « Je suis seul au niveau de la banque à avoir organisé ce hold-up », avoue-t-il à la presse burkinabé. Un aveu sans équivoque, mais il se refuse ouvertement à révéler l’endroit où il a caché son butin. « Quand on fait un hold-up, on prend les sous pour les déposer en lieu sûr pour ses vieux jours », précise l’ancien vigile. Une déclaration qui fait figure de baroud d’honneur pour une personne qui risque, si ce n’est la réclusion criminelle à perpétuité, du moins une très lourde peine de prison. A 39 ans, Sia Popo Prosper pourrait bien ne jamais profiter de son magot. Les autorités ivoiriennes ont déjà demandé son extradition.
Les complices toujours en fuite
Si l’enquête a permis d’appréhender 28 personnes présumées impliquées dans le hold-up, seuls 350 millions des 2 milliards de francs cfa ont été retrouvés jusque-là. Les quatre braqueurs courent toujours. L’arrestation de Sia Popo Prosper permettra sans doute de faire avancer l’investigation. D’aucuns espèrent seulement qu’il ne connaîtra pas le funeste destin de Kao Dézao Maxime. Un proche complice qui a mystérieusement trouvé la mort dans les locaux de la police judiciaire dans la nuit du 3 au 4 septembre dernier.
Un autre important complice de Sia Popo Prosper, Diaby Lacina, attrapé à Abidjan avec 14,7 millions de francs cfa en poche, a été placé sous la surveillance de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Avec l’arrivée d’un des cerveaux de l’affaire, la police ivoirienne s’attend à d’importantes révélations et espère trouver un épilogue heureux à ce fameux » hold-up du siècle » qui fait une bien mauvaise presse au pays.