Le groupe emblématique de la nouvelle scène marocaine, Hoba Hoba Spirit, s’est produit vendredi au festival des musiques amazighes de Timitar (Agadir). Porté par un rock festif et métissé (ganwi, reggae, rap), Hoba Hoba Spirit chronique la vie des jeunes marocains sur un ton caustique. Leur devise : ne jamais se prendre au sérieux. Interview de Réda Allali et Anouar Zehouani, respectivement, parolier et guitariste du groupe .
La rumeur court à Agadir. Les Hoba Hoba Spirit ne donneront pas d’Interview, ils n’aiment pas les journalistes, sont devenus des stars, ont pris la grosse tête. Deux jours d’incertitude avant que le groupe ne se décide enfin à caler une rencontre avec les journalistes. Juste avant son concert à la place Bidjaouane, l’une des trois scènes du festival des musiques Amazighes de Timitar (du 07 au 11 juillet). Hoba Hoba Spirit est le groupe emblématique de la nouvelle scène (Hayha) marocaine. Voilà déjà dix ans qu’ils écument les scènes et les festivals, répandant aux quatre coins du pays leur rock drolatique et festif et métissé (aux consonances gnawie, rap, reggae..). Leurs chansons évoquent le quotidien et les problèmes des Marocains. Des textes caustiques auxquels toute une jeunesse s’identifie. A Agadir, pays des Chleuh, ils étaient chez eux vendredi. Les tee-shirts « Hoba Hoba » étaient (presque) de rigueur et leurs chansons reprises en cœur comme autant d’hymnes à la fête. Face à ce succès, les Hoba Hoba jouent la carte de l’autodérision. L’interview croisée de Réda, le parolier, et Le Guitariste, Anouar, montre à quel point l’humour est une affaire qu’ils prennent très au sérieux.
Afrik.com : Jouer pour un festival amazighe, devant un public berbérophone, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Anouar Zehouani : On a autant de plaisir à jouer ici qu’à Tokyo – mais on n’y a jamais été -, à Paris ou ailleurs. On prend du plaisir à jouer partout : devant le public marocain, à Agadir, en Espagne, en Amérique… C’est la même chose.
Afrik.com : D’où vient le nom Hoba Hoba Spirit ?
Réda Allali : C’est rien, c’est juste nous.
Afrik.com : Pourquoi avez-vous choisi ce nom ?
Réda Allali : En fait, c’est le nom qu’on nous a donné au ministère de la Culture, parce que c’est eux qui distribuent les noms des groupes.
Réda Allali : Ah je ne sais pas, il faut demander aux gens. Si tu commences à réfléchir, à expliquer le succès ou l’échec, tu es foutu.
Afrik.com : Vos chansons évoquent les problèmes de la jeunesse marocaine (chômage, pauvreté, etc.). Vous considérez-vous comme des chanteurs engagés ?
Anouar Zehouani : Non, non. On fait juste de la chanson.
Afrik.com : Comment fabriquez-vous vos chansons ? Comment travaillez-vous ensemble ? Y a-t-il un leader ?
Anouar Zehouani : Généralement, cela se passe de manière démocratique. Sauf pour les paroles, Réda est le principal parolier. Après, les thèmes on les choisit ensemble. Il n’y a pas de hiérarchie entre les membres du groupe.
Afrik.com : Les Hoba Hoba ont-ils « la grosse tête », comme le dit la rumeur ?
Réda Allali : Il y a des rumeurs qu’on a la grosse tête ? (Il marque un temps d’hésitation). Oui, oui c’est vrai.
Afrik.com : Pourquoi ?
Réda Allali : Je ne sais pas, c’est naturel je pense. Même si je ne faisais pas de la musique, ce serait pareil. D’ailleurs, c’est pour ça que je ne peux pas entrer en Suisse. C’est trop petit pour ma tête. C’est un petit pays (rires).
Afrik.com : Un projet en chantier ?
Anouar Zehouani : On est en train de préparer un single.
Réda Allali : Ah bon ! Je ne suis pas au courant (rires). En fait, on va faire chacun un album solo.
Afrik.com : Vous vous séparez ?
Réda Allali: Non, on va faire du rap. C’est plus rentable.
Afrik.com : Vous voulez dire que les ventes ne suivent pas votre succès sur scène ?
Réda Allali : Vous savez ce qu’on va faire ! On va faire une équipe de foot. Il nous manque 5 joueurs. Pour le moment on n’a que des défenseurs. C’est vaillant, mais c’est limité. On cherche des joueurs (rires).
Le Myspace de Hoba Hoba Spirit