Interpellée jeudi 13 juin alors qu’elle soutenait ouvertement le rappeur Weld el 15, condamné à deux ans de prison ferme, Hind Meddeb, journaliste franco-tunisienne, n’a pas voulu se présenter au tribunal de première instance de Tunis ce lundi 17 juin. Jugeant insuffisants les chefs d’inculpation retenues contre elle, elle a tout simplement décidé de fuir le pays.
« Hier, j’ai quitté mon pays, car je n’ai plus confiance dans la Tunisie d’aujourd’hui ». C’est en substance ce qu’a déclaré Hind Meddeb sur sa page Facebook. Interpellée à la sortie du procès du rappeur Weld El 15 jeudi 13 juin alors qu’elle faisait part de son mécontentement à l’annonce de ce verdict, Hind Medeeb a tout bonnement préféré fuir la Tunisie. Arrêtée, elle devait comparaître ce lundi 17 juin devant le procureur de la République du tribunal de première instance de Tunis. Mais elle ne comparaîtra pas. Puisque la journaliste franco-tunisienne s’est réfugiée à Paris.
Dans une publication sur sa page Facebook, la jeune femme s’acharne sur l’actuel gouvernement d’Ennahda et accuse la justice tunisienne. Une justice « féroce » avec les artistes selon ses propres termes et qui laisse courir ceux qui saccagent les ambassades, en référence aux islamistes. Mais elle reste ferme à ses convictions et déclare qu’elle continue sa lutte pour les libertés depuis la capitale française.
Liberté d’expression en berne
La liberté d’expression est devenue ces derniers jours un sérieux problème en Tunisie. La condamnation de Weld el 15 n’est que l’arbre qui cache la forêt. Le rappeur a écopé en mars dernier de deux ans de prison par contumace.
De peur d’être victime d’une bavure policière, le musicien avait alors pris la fuite, avant de se rendre à la justice de son pays trois mois après. Sa condamnation à deux ans de prison ferme a secoué la Tunisie. Des affrontements avaient éclaté et de nombreuses arrestations enregistrées.
Le 29 mai dernier, trois Femen : Margarite Stern, Pauline Hullier et Josephine Markmann ont été arrêtées en Tunisie alors qu’elles soutenaient leur camarade Amina Sboui, alias Amina Tyler. Les trois militantes féministes ont été condamnées pour « atteintes aux bonnes mœurs ». Leur condamnation avait suscité une vague d’indignations au sein de la classe politique française. Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, avait demandé aux autorités tunisiennes de faire preuve de clémence.
La mort du principal opposant politique, Chokri Belaid, le 6 février, est perçue par les détracteurs du régime de Moncef Marzouki comme un signe patent d’une absence totale de liberté d’expression, pour un pays qui vient à peine de sortir d’une dictature.