Hifikepunye Pohamba, candidat du parti au pouvoir, a été déclaré vainqueur des présidentielles namibiennes avec 76% des voix. Le nouveau chef de l’Etat assure qu’il ne sera pas la marionnette du Président sortant, Sam Nujoma, qui reste à la tête de la Swapo jusqu’en 2007. L’opposition, divisée, ne récupère que les miettes des élections générales.
Hifikepunye Pohamba a remporté une large victoire dans les présidentielles namibiennes qui se sont déroulées les 15 et 16 novembre derniers. Le candidat de la Swapo (Organisation des peuples du Sud-Ouest africain), parti au pouvoir depuis l’indépendance, en 1990, a raflé 76,4% des voix. Il fait aussi bien que son ami de quarante ans et Président sortant, Sam Nujoma, lors des scrutins précédents. Il ne prendra ses fonctions que le 31 mars prochain. L’opposition, divisée, ne ramasse que des miettes. Aussi bien dans les présidentielles que dans les législatives, qui se déroulaient en même temps. Le candidat du Congrès des démocrates (CoD), Ben Ulenga, a réuni 7,3% des suffrages. Son parti, le principal de l’opposition, remporte seulement 5 des 72 sièges du Parlement. La Swapo en a trusté 55. Katuutire Kaura, président de l’Alliance Démocratique Turnhalle de Namibie (DTA), dont l’influence ne cesse de baisser, n’obtient que 5,1% des voix.
Les observateurs de la sous-région ont vu d’un très bon œil que le “ Vieux ”, Sam Nujoma, considéré comme le “ père de l’indépendance namibienne ” et au pouvoir depuis 1990, se retire de sa propre initiative. Mais ils se méfient également d’un “ changement purement cosmétique ” au sommet de l’Etat. L’ancien chef de l’Etat reste en effet à la tête de la Swapo jusqu’en 2007.
Sam Nujoma en coulisses
Le nouveau Président namibien, âgé de 69 ans, a fait sa carrière dans l’ombre de Sam Nujoma, son aîné de six ans. “ Les deux hommes ont travaillé ensemble de façon très proche depuis les quarante dernières années. Ils sont de proches amis… dans ce sens, ils pourraient très bien travailler ensemble car ils se comprennent très bien. Mais Sam Nujoma est certainement la force dominante dans cette relation… ”, estime un analyste politique dans les colonnes du Sunday Argus. Ce qui fait dire aux opposants de Hifikepunye Pohamba qu’il a été “ programmé ” par son mentor.
Au contraire, lui assure qu’il a gagné assez de leadership, depuis 40 ans, pour se permettre de diriger le pays sans recevoir d’ordres. En tant que membre du parti de l’ex-Président, il a affirmé qu’il allait “ poursuivre le combat socio-économique pour [son] pays et [son] peuple ”. Parmi ses priorités, le nouveau Président a cité la lutte contre la corruption, l’insécurité et le VIH/Sida, ainsi que la redistribution des terres aux Noirs. Sur cette question, l’ancien ministre des Terres, qui avait été à la tête de la campagne d’expropriation des fermiers blancs, a affirmé qu’il allait privilégier la discussion à la violence. “ Si vous ne parlez pas, vous ne pouvez pas trouver de solution ”, a-t-il estimé. Hifikepunye Pohamba, qui veut attirer les capitaux étrangers, a également déclaré que les portes de la Namibie “ resteront ouvertes aux étrangers qui veulent investir dans le pays et soutenir son économie ”. En attendant son investiture, il a quatre mois pour préparer son arrivée et trouver ses propres marques.