C’est samedi que les candidats aux législatives devaient se faire connaître officiellement auprès des cours créées pour l’occasion. La pression s’accroît encore sur le MDC et les fermiers blancs.
D’accord pour des élections, mais sans opposants : c’est le message que relaient de plus en plus violemment les supporters de Robert Mugabe, le président du Zimbabwe. Selon Morgan Tsvangirai, leader du Mouvement du changement démocratique (MDC) en lice contre le Zanu-PF de Mugabe pour les élections législatives de juin, la sécurité des candidats MDC ne pourra être à peu près garantie que dans vingt-cinq des cent-vingt circonscriptions en jeu.
Le chef de l’opposition a même déclaré qu’il serait impossible de faire campagne dans une cinquantaine de circonscriptions, les abandonnant de fait aux candidats du Zanu-PF. Quatre candidats potentiels MDC seraient déjà entrés dans la clandestinité. Quant aux menaces contre les candidats, elles sont de plus en plus souvent suivies d’effets violents. Le nombre de morts par assassinat depuis le mois de mars s’élève désormais à vingt-huit.
L’économie en lambeaux
Le président Mugabe laisse ses basses oeuvres aux milices de » vétérans « . Sur le front légal, il vient d’annoncer que plus de huit cents fermiers blancs seraient expropriés de leurs exploitations et que celles-ci seraient ensuite distribuées par lots à des » paysans sans terre « . Pour faire bonne mesure, l’annonce a été ponctuée par deux nouveaux assassinats de fermiers blancs vendredi et samedi.
Le problème de la répartition des terres au Zimbabwe est bien réel, mais la réforme agraire maintes fois annoncée n’est jamais venue. Si le chef d’Etat entend maintenant la trancher d’une façon aussi brutale, c’est parce que le syndicat des fermiers blancs (CFU) est l’un des soutiens financiers des opposants MDC. Quant au principal parti d’opposition, son succès actuel s’appuie sur l’usure du pouvoir de Mugabe. Dix-huit ans de gestion par le libérateur historique ont mis en lambeaux l’économie du pays.