Hervé Bourges : d’Afrique et de journalisme


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Manu Dibango et Hervé Bourges
Manu Dibango et Hervé Bourges

Auteur de  » De mémoire d’éléphant « , son autobiographie, Hervé Bourges nous y relate son parcours de  » Témoignage Chrétien « , le premier journal dans lequel il travaillera en 1955, à la présidence du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), 40 ans plus tard.

Nous avons reçu Hervé Bourges le 30 novembre dernier sur le plateau de Thé d’Afrik, l’émission de la rédaction réalisée en partenariat avec Alatélé.com. Hervé Bourges a bien voulu répondre à nos questions, notamment sur son long parcours africain. Voici, en substance, quelques moments forts de notre entretien.

Afrik.com : Ne vous trouvez-vous pas trop jeune pour écrire vos mémoires ?

Hervé Bourges : Je vous remercie du compliment. Je craignais de ne plus être en mesure de le faire d’ici quelques années (rires).

Afrik.com : A la lecture de votre oeuvre, l’on s’aperçoit que l’Algérie a été un tournant dans votre existence. Vous y aviez côtoyé les pères de l’indépendance africaine, que vous rencontrerez plus tard dans vos pérégrinations sur le continent. Qu’en est-il ?

H.B : L’Algérie a été plus qu’un tournant dans ma vie. J’y ai séjourné longuement à deux reprises. La première fois, en 1958, en tant qu’officier de l’armée française durant la guerre d’Algérie. Puis mon second séjour a duré quatre ans, de 1962 à 1966. Un séjour pendant lequel je travaillerai, entres autres, comme conseiller au cabinet du premier président algérien Ahmed Ben Bella. Puis auprès d’Abdelaziz Bouteflika, alors ministre de la Jeunesse et des Sports. Ceci jusqu’au coup d’Etat de Houari Boumediene, après lequel je rentrerai au service de Bachir Boumaza , ministre de l’Information. L’une des mes principales tâches, à cette époque, sera la formation des journalistes algériens.

Afrik.com : A la fin de votre livre, vous parlez de votre double nature. Ne vous êtes-vous pas senti schizophrène en travaillant pour le gouvernement Boumediene après le coup d’Etat qui avait démis votre ami Ben Bella de la présidence algérienne ?

H.B : C’est une très bonne question. J’irai plus loin : ne vous êtes-vous pas senti dans la peau d’un traître en travaillant pour Boumediene ? Je répondrai que j’étais là avant tout pour l’Algérie ! Et que par ailleurs, ma présence en terre algérienne contribuait à la lutte que nous menions pour la libération de Ben Bella, emprisonné depuis le coup d’Etat de 1965.

Afrik.com : Vous n’avez pas seulement formé des journalistes algériens, vous en avez aussi formés à l’ESSTIC, l’école de journalisme de Yaoundé (Cameroun). L’école vient de fêter ses 30 ans. A quoi cela sert-il de former des individus qui mourront d’avoir exercé leur métier ?

H.B : Il est vrai que la libre expression n’est pas toujours de bon ton en Afrique quand il s’agit de certains gouvernements. Il est aussi vrai que certains de mes élèves ont été assassinés ou emprisonnés. Mais les choses changent et ont changé. Au delà même de la liberté d’expression, il s’agit de la survie économique de ces quotidiens. Au Cameroun, un trentaine de titres sont sur le marché. Comment survivent-ils quand on sait que le marché de la publicité, qui finance la presse, est quasi inexistant ? Le paramètre financier entrave aussi le travail des journalistes. C’est un problème qu’il ne faut pas éclipser.

Afrik.com : A compter du 24 janvier 2001, vous quitterez le CSA. Que va faire l’homme dynamique que vous êtes ?

H B : J’ai été nommé, en 1995, par le président Mitterrand à la tête du CSA. Durant ce mandat de 6 ans, vous êtes inamovible. En me retirant, je laisse la possibilité à M. Chirac de nommer à son tour quelqu’un. Je pense que j’aurai de quoi faire pour occuper mon temps. Je vous rappelle d’ailleurs à ce propos que je suis depuis peu, le président de l’Union internationale des journalistes francophones.

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