Le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale française manifeste son soutien à Laurent Gbagbo. Il rappelle également le parcours difficile qui fut celui du président du FPI.
Tandis que le général-président Robert Gueï demeurait silencieux lundi en fin de journée et laissait le soin à ses soutiens d’affirmer sa victoire, son adversaire FPI, fort de son » décompte parallèle » des résultats, affirmait avoir remporté l’élection dès le premier tour du dimanche 22 octobre. Les premiers résultats partiels donnés par la Commission nationale électorale (C.N.E.) à Abidjan aujourd’hui placent Laurent Gbagbo largement en tête de l’élection présidentielle d’hier. Henri Emmanuelli, président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale française, ancien président de cette assemblée et ancien ministre, demande à la France de soutenir son ami Gbagbo et rappelle le parcours de ce dernier.
Afrik.com : Croyez-vous qu’une victoire éventuelle de Laurent Gbagbo dès le premier tour pourrait lui être confisquée par le général Gueï ?
Henri Emmanuelli : Je compte sur la France et sur la communauté internationale en général pour soutenir ce soir Laurent Gbagbo, le candidat le plus démocratique de cette élection. Avec toute la prudence dont il faut faire preuve dans ce genre de situations, je crois quand même pouvoir affirmer que Laurent Gbagbo est largement en tête. Les résultats partiels que vous me communiquez [relatifs à l’avance du candidat FPI à Abidjan et dans l’Ouest du pays, ndlr] me paraissent très significatifs. J’espère que le général Gueï comprendra ce message des Ivoiriens. Si, comme vous le dîtes, le décompte des voix est interrompu à l’heure où nous parlons, cela semble indiquer une inquiétude de la part du général Gueï. Il a compris qu’il était en difficulté. J’espère, le cas échéant, qu’il admettra sa défaite, pour le bien de son pays et des Ivoiriens.
Afrik : Vous connaissez bien Laurent Gbagbo. Avez-vous eu de ses nouvelles récemment ?
H.E. : Nous nous sommes parlés hier soir au téléphone. Nous avons eu une conversation personnelle. Il m’a aussi déclaré son étonnement et sa joie d’avoir obtenu le vote des bureaux d’Abidjan où sont situés les quartiers militaires.
Afrik : Que pensez-vous de l’analyse selon laquelle le général Gueï, qui a joué un rôle évident dans l’élimination de la candidature Ouattara, aurait agi comme une sorte de » complice objectif » des autres candidats en les débarrassant d’ADO ?
H.E. : Je regrette bien sûr que M. Ouattara n’ait pu participer à cette élection présidentielle. Mais j’aimerais aussi que l’on se souvienne que M. Ouattara a été Premier ministre de la Côte d’Ivoire à l’époque où Félix Houphouët-Boigny présidait le pays. Cela, on n’en parle pas dans la presse française. Peut-on vraiment reprocher à Laurent Gbagbo de ne pas soutenir M. Ouattara, qui l’a fait jeter en prison à l’époque ?
Afrik : Vous êtes personnellement celui qui l’en a sorti, alors que vous présidiez l’Assemblée nationale en France…
H.E. : Nous avons fait tout notre possible. A l’époque, j’ai appelé M. Henri Konan Bédié, qui dirigeait l’Assemblée nationale ivoirienne. J’ai exprimé une position forte et j’ai été entendu. La situation était épouvantable : Laurent Gbagbo était en prison. Une tentative de violence avait été commise contre lui, qui n’a échoué que grâce à l’intervention de la gendarmerie ivoirienne. Sa femme, qui lui avait rendu visite, avait été internée à son tour.
Afrik : Comment interprétez-vous le faible taux de participation enregistré dimanche ?
H.E. : La participation n’est jamais très élevée en Côte d’Ivoire. L’essentiel est d’observer comment les votes se répartissent sur la carte du pays, qui recouvre celle des ethnies. Dans le cas présent, cette observation est un élément supplémentaire pour accréditer le succès électoral de Laurent Gbagbo.
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