Helder Dias parle de la place des mannequins noirs sur le marché brésilien


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L’homme d’affaires, propriétaire de l’agence HDA Models, ayant exclusivement des mannequins noirs sous contrat parle des défis et des préjugés dans le monde de la mode et de la publicité au brésil.

L’agence  »HDA Models » compte actuellement 200 professionnels dans son casting, et est la plus grande agence spécialisée dans les modèles noirs au Brésil.

Celui qui se rend à son siège situé dans une charmante rue du quartier de Vila Madalena à São Paulo n’imagine pas les obstacles que son propriétaire, Helder Dias a dû et continue d’affronter pour se maintenir dans le marché.

Helder vient d’Alagoinhas, à approximativement 108 km de Salvador, à Bahia. Son travail de booker débuta lorsqu’il convainquait sa sœur de participer à un concours national de modèles. Moins d’un mois plus tard, ils se rendaient tous les deux à São Paulo pour participer à la finale du concours. Sa sœur occupa la troisième place et obtenait un emploi à la New Company – première agence s’adressant au public noir du Brésil, elle y resta pendant 3 ans.

La HDA qui a vu le jour en 2000 ne possédait pas un siège dans une structure commerciale, mais comme Helder était déjà connu dans le marché, les contrats commencèrent à tomber. L’agence fonctionnait à partir de son appartement et comme il n’avait pas d’employé, il se chargeait lui-même de porter le matériel de son agence chez les clients. Sans voiture, il se déplaçait à pieds ou en autobus. Les moyens de le contacter étaient le cellulaire ou la cabine téléphonique située dans un coin de l’immeuble dans lequel il vivait. Helder se sent à un moment contraint de raconter les péripéties par lesquelles il est passé durant cette période, car c’est son audace et sa persistance qui ont permis à son agence de grandir.

Lisez ci-dessous l’entrevue qu’il a accordée à Mundo Negro.

Beaucoup de jeunes rêvent de devenir mannequins, mais le marché est très compétitif et peu réussissent à réaliser ce rêve. Un investissement financier est nécessaire pour le book et pour pouvoir obéir aux critères esthétiques imposés par le secteur en termes de poids et de taille. « Le casting de la HDA est super sélectif, je travaille avec les plus beaux noirs sur le marché, répondant tous aux critères internationaux. » Affirme Helder.

MN – La HDA a-t-elle toujours exclusivement été une agence pour les noirs ? Si oui, pour quelle(s) raison(s)?

Helder – Parce que j’aime et j’ai du plaisir à travailler avec ce segment. Je me suis aperçu que le marché n’est pas intéressé et n’absorbait pas les modèles noirs, et pour cette raison, j’ai décidé de monter HDA (abréviation de Helder Dias Araújo) pour corriger cette erreur du marché.

MN – Quelles ont été les plus grandes difficultés que vous avez rencontré jusqu’à présent?

Helder – Je n’aime pas le mot « difficulté », je pense que tout est possible lorsqu’on persiste. Quand j’ai monté l’entreprise, je savais qu’il y aurait des barrières, des obstacles. Je ne les ai pas considérés comme des difficultés, mais plutôt comme des défis et pour les surmonter, j’ai essayé de faire du bon travail, avec un casting de pointe et une attention personnalisée.

MN – Quel est le critère de choix des mannequins de votre agence?

yara_oliveira.jpg Helder – Avoir de l’attitude, une expression corporelle, être étudiant. Je m’assure que tous étudient. Les filles doivent avoir 13 ans minimum, 1,77m de taille, 89 cm de tour de hanche, 60 cm de tour de taille, si elles sont destinées à la publicité, elles peuvent être beaucoup moins grandes. Les garçons doivent avoir 17 ans minimum et 1,80 m de taille.

MN – Que doivent faire les candidats pour obtenir un contrat avec HDA?

ednei_santos.jpg Helder – Ils doivent se rendre personnellement à l’agence, s’ils sont mineurs, ils doivent être accompagnés d’une personne responsable. Ils passent par une sélection pour savoir s’ils sont d’accord avec les critères nécessaires pour faire cette profession. S’ils sont sélectionnés, ils doivent fournir un book.

MN – Au milieu des années 90, avec le bourgeonnement de revues comme Raça et aujourd’hui avec un plus grand nombre de noirs présents dans les novelas, les modèles noirs sont-ils plus recherchés pour le travail ?

Helder – Non, le marché n’a toujours pas ouvert l’espace pour les noirs, dans les novelas, les noirs continuent dans la majorité des cas à jouer des rôles d’esclaves et de servants. Au-delà de ça, les campagnes publicitaires des magasins populaires continuent d’engager des noirs pour qu’une identification avec le public disposant d’un revenu faible se fasse, ils ne se rendent pas compte qu’il existe une classe moyenne noire ayant un potentiel de consommation. Beaucoup de choses sont à améliorer.

MN – Existe-t-il toujours des préjugés dans le monde de la mode ? Pour quel type de travail fait-on le plus souvent appel aux noirs ?

Helder – Aujourd’hui, la HDA est forte dans la publicité, on a des modèles présents dans les campagnes de grandes entreprises nationales et de multinationales, mais il y a toujours dans la mode des professionnels mal préparés, immatures qui malgré le fait qu’ils savent que nous vivons dans un pays multiethnique, limitent l’accès des noirs à la profession. Certaines de mes mannequins ont été refusées au São Paulo Fashion Week sans motifs plausibles.

MN – Que faites-vous pour augmenter la visibilité des modèles noirs?

Helder – Je propage mes modèles dans le milieu publicitaire, j’investis sur eux, j’exige que chacun d’eux étudie. Je pense à leur futur. Il y a des entreprises qui s’adressent à HDA pour des campagnes populaires dans lesquelles les noirs apparaissent avec des stéréotypes, ce n’est pas ce que je veux pour mes professionnels.

MN –Que pensez-vous des quotas dans la publicité?

Helder – Je n’y crois pas, je pense que les quotas dans la publicité n’est qu’un jeu d’intérêt.

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