L’avocate nigériane Hauwa Ibrahim a reçu mercredi à Strasbourg en France, le « Prix Andrei Sakharov pour la liberté de l’esprit 2005 », en raison de son combat contre la lapidation des femmes adultaires au Nigeria et les amputations liées à la charia.
Me Hauwa Ibrahim a été récompensée pour l’action qu’elle mène pour défendre les femmes condamnées à mort par lapidation pour adultère, et les jeunes nigérians amputés pour vol en vertu de la Charia, la loi islamique appliquée dans 12 Etats sur 36 en république fédérale du Nigeria. Elle a reçu le Prix avec deux autres lauréats, « Les Dames en blanc de Cuba », et l’organisation « Reporters sans frontières ».
S’adressant à l’heureuse lauréate, le Président du Parlement européen M. Joseph Boreel, a salué Hauwa Ibrahim pour « sa détermination à défendre la loi » et pour l’exemple qu’elle donne aux femmes désireuses de fuir l’ignorance et la pauvreté.
Prenant la parole à son tour, Hauwa Ibrahim a expliqué sa stratégie qui consiste à essayer de comprendre la dynamique et les valeurs de la société nigériane. « Nous agissons localement, mais nous pensons globalement » a-t-elle déclaré, ajoutant vouloir parler au nom des personnes les plus vulnérables et de toutes les personnes non représentées.
Au Nigeria a-t-elle fait savoir, une femme peut être condamnée à mort par lapidation, pour avoir conçu un enfant hors mariage. Le Prix Sakharov a-t-elle indiqué, me permettra d’investir dans l’éducation parce que je pense que c’est la meilleure manière d’avancer. « Avec le Parlement européen, ma voix sera plus forte et j’ai un sens profond de ma mission au service des plus vulnérables » a-t-elle dit.
Quatrième lauréate africaine du prix Sakharov
Elle a précisé avoir travaillé sur 47 affaires liées à la Charia, les peines prononcées, a-t-elle dit, sont inhumaines, lapidation, fouet, amputation.
Agée de 37 ans, Hauwa Ibrahim est mariée et mère de deux enfants. Elle est la quatrième lauréate africaine du Prix Andrei Sakharov depuis la création de ce prix par le Parlement européen.
Le premier bénéficiaire a été Nelson Mandela en 1988, pour son action contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Nelson Mandela n’a pu recevoir la récompense que deux années plus tard, après sa libération de prison où il était resté incarcéré durant 27 ans.
Le second lauréat africain du Prix Andrei Sakharov a été Monseigneur Zacharias Kamwenho, archevêque de Lubango en Angola. Le prix lui a été attribué en 2001, pour son action pour la réconciliation nationale, alors que la guerre civile faisait rage dans son pays.
Le troisième africain a recevoir le Prix est le Ghanéen, Koffi Annan, Secrétaire général de l’ONU, qui a été distingué en 2003, en même temps que l’organisation qu’il dirige, pour l’action en faveur de la paix dans le monde.
Le Prix Andrei Sakharov est doté d’une récompense de 50.000 euros que Mme Hauwa Ibrahim partagera à parts égales avec les deux autres lauréats, « Les femmes en Blanc de Cuba » et l’organisation « Reporters sans frontières ».