A l’occasion de la fête du travail, le gouvernement d’Abdelilah Benkirane a annoncé que le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) allait augmenter de 10%. La nouvelle est loin de plaire au Patronat qui craint une perte de compétitivité du Maroc.
Le timing pour annoncer la nouvelle, a la veille du 1er mai, était pourtant bien choisi. Mais au Maroc, l’augmentation de 10% du salaire interprofessionnel garanti (SMIG) dans le secteur privé fait polémique. Non pas chez les travailleurs, heureux de percevoir prochainement 2 350 dirhams (209 euros) par mois, mais du côté du Patronat marocain qui regrette une nouvelle hausse des charges salariales.
L’augmentation s’opérera en deux temps : une première hausse de 5% aura lieu dès ce mois de juillet et une seconde en juillet 2015, pour une durée légale de travail de 44 heures par semaine. Le ministre de l’Emploi et des Affaires sociales, Abdesslam Seddiki, a également annoncé la revalorisation du salaire minimum dans le secteur public, qui atteindra 3 000 dirhams nets.
Le Patronat s’alarme
La Confédération générale des entreprises marocaine (CGEP), s’est, dès le lendemain, fendue d’un communiqué dans lequel elle fustige la décision du gouvernement Benkirane. « Une telle hausse, appliquée sans contreparties, viendra éroder davantage la compétitivité de l’industrie marocaine et ne manquera pas d’avoir un impact sur l’emploi industriel », met en garde le Patronat. Et pour cause, le Smig marocain était déjà le plus élevé d’Afrique, rappelle Usine Nouvelle, et est environ le double du salaire minimum tunisien, alors que le royaume importe deux fois plus de marchandises qu’il n’en exporter.
L’industrie marocaine, classée 77e dans le classement mondial de la compétitivité du World Economim Forum (WEF), emploie depuis 2007 « 1,2 million de personnes » et « perd en moyenne 30 000 emplois par an ». Mais dans son programme d’accélération industrielle, le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, prévoit la création de 500 000 emplois dans l’industrie d’ici à 2020. Il est encore tôt pour juger de l’efficacité de cette stratégie, mais Elalamy considère l’année 2020 comme « un rendez-vous important pour faire le bilan ».
La CGEM alerte également sur les risques « de voir des entreprises basculer dans l’informel et annihiler les efforts d’en faire sortir celles qui y sont encore ». Le Patronat marocain appelle le gouvernement a organisé d’urgence un sommet national avec pour thème « le coût du travail et la compétitivité des entreprises », dans le but de « sauvegarder l’emploi et la création de valeur ajoutée marocaine ».
Les syndicats applaudissent
De leur côté, les organisations syndicales ont en revanche salué les mesures du gouvernement en faveur des salariés. Mais selon la Fédération démocratique marocaine (FDT), elles restent toutefois « faibles et partiales ». Les centrales syndicales réclament une révision de l’impôt général sur le revenu, l’application de l’échelle mobile sur les salaires et la revalorisation des pensions de retraites afin de les aligner avec l’augmentation du SMIG.
Dans le royaume, la dernière augmentation su SMIG avait été opérée en 2012, pendant le règne du gouvernement d’Abbas El Fassi. Le Salaire minimum avait alors été relevé de 15% en deux fois, pour atteindre 12,24 dirhams/heure.