Avis de tempête sur les réseaux marocains de production et d’exportation de haschich : longtemps protégés par la corruption de certains responsables politiques, ils font face à une offensive en règle de la part de la police royale.
Rien de va plus au Royaume du haschich : premier producteur et premier exportateur de haschich dans le monde, le Maroc doit-il se faire un titre de gloire de cette position de leader ? Certainement pas, car les réseaux de la drogue apportent avec eux toute une série de dommages collatéraux qui peuvent être fatals au civisme et à la santé morale de la société marocaine.
Lutter contre la corruption de certaines élites
Les récents développements pris par la lutte contre les réseaux mafieux qui profitent de l’argent du kif prouvent l’ampleur de la « pieuvre », ses multiples tentacules, et mettent à jour plusieurs méthodes de contrôle de la société civile et religieuse marocaine, grâce auxquelles les barons de la drogue s’assurent la passivité sinon la bienveillance des autorités qui devraient les combattre.
Pourtant le Roi semble bien décidé à ne plus laisser ces trafics impunis : le 25 août 2006 à Ksar Sghir, Mohammed Kharraz alias Cherif Bin Louidane est arrêté : c’est un gros bonnet du trafic du haschich dans le Nord du Maroc, il n’en faisait pas mystère, sûr de ses appuis et de ce qu’il vivait comme une tranquille impunité. N’avait-il pas largement arrosé ceux qui depuis longtemps auraient dû dénoncer ses trafics et l’arrêter ? Mis sous les verroux, il a rapidement parlé…
Le haschich finançait des reseaux islamistes
D’où une kyrielle de mutations et de sanctions prises jusqu’aux plus hauts grades de la hiérarchie militaire et policière marocaine. Le plus spectaculaire peut-être : la mesure d’éloignement prise à l’égard d’Abdelaziz Izzou, puissant patron de la sécurité royale. Mais l’enquête ne devrait pas s’arrêter là : les informations obtenues par l’hebdomadaire marocain « La Nouvelle Tribune » font état du financement par Mohammed Kharraz du réseau islamiste d’Al Adl Wal Ihssane…
Ainsi c’est tout un circuit de l’argent sale, avec des ramifications multiples et des moyens divers de blanchiment qui se trouve mis au jour par les révélations d’El Kharraz…Nettoyer ce réseau, c’est frapper souvent très haut dans les hiérarchies sociales, politiques, économiques et religieuse. Mais est-il possible de renoncer à lutter contre une gangrène qui pourrit jusqu’à l’esprit public ?
En un mot, la justice marocaine va avoir du pain sur la planche, si elle veut aller au bout de la tâche d’assainissement global que lui a fixée S.M.le Roi Mohammed VI, Commandeur des Croyants…