Son arrivée très médiatisée au « 20 heures » de TF1 en 2006, ses origines antillaises, sa famille, son livre, sa réflexion sur la diversité dans les médias, les questions d’actualité, son classement au top 10 des hommes les plus sexy de l’année 2006… Voilà quelques sujets que notre partenaire Pilibo a abordé avec celui que les Français ont désormais adopté depuis plus d’un an et qu’ils retrouvent chaque dimanche sur TF1 : Harry Roselmack.
Né à Tours (France) le 20 mars 1973, Harry Roselmack a obtenu un DUT de journalisme en 1993 puis a suivi un DEUG d’histoire dans sa ville de naissance. A partir de 1994 et pendant six ans, il a été journaliste à la Radio Média Tropical. En 2000, il devient journaliste à Radio France (Radio bleue et France Info). En 2005, il devient journaliste et présentateur à Canal + et i-Télé. Depuis 2006, il est le présentateur remplaçant du journal de 20H en semaine sur TF1, journaliste et présentateur sur LCI et co-présentateur avec Anne Sophie Lapix du magazine d’information dominical Sept à Huit sur TF1. En juin 2007, il a publié son premier roman Novilu aux Editions de Courcelles. A la mi-juillet, son premier enfant, Omaya, une petite fille, est né. Il a accordé un entretien à notre partenaire Pilibo Mag.
Pilibo mag : Après un an passé à TF1, quel constat faites-vous de votre expérience sur cette chaîne?
Harry Roselmack : Mon intégration au sein de l’équipe de TF1 a été facile et rapide. Cela a été mon premier motif d’étonnement. Je ne m’attendais pas à un accueil aussi chaleureux et positif. Je pense m’être fait une place dans cette rédaction et être maintenant de plus en plus à l’aise dans le fauteuil du 20 heures et aussi dans celui de Sept à Huit.
J’ai le grand plaisir, aujourd’hui, de passer du temps ici (société de production) pour préparer l’émission. Je n’en avais pas le loisir l’an passé car je présentais Le grand journal sur LCI du lundi au jeudi à 18 heures. Je ne le fais plus cette année et profite pleinement du magazine.
J’apprends beaucoup.
Pilibo mag : A Sept à Huit, choisissez-vous les sujets ? Comment travaillez-vous ?
Harry Roselmack : Les sujets sont sélectionnés de façon très collégiale. Sept à Huit c’est un rédacteur en chef opérationnel, deux autres rédacteurs en chef, il y a aussi un responsable de magazine et toute une équipe autour d’Emmanuel Chain, le producteur. Nous décidons le lundi des sujets que l’on va lancer la semaine d’après et également des sujets à venir.
Pilibo mag : Il y un plus d’un an, vous accédiez au 20 heures. L’événement a été très médiatisé. Comment avez-vous vécu cette période ? Compreniez-vous toute cette polémique autour de votre nomination ?
Harry Roselmack : Je comprends que cela ait fait beaucoup parler. La polémique, je ne suis pas certain qu’il y en a eu vraiment a posteriori. Il y en a eu a priori, bien avant que je commence. Je trouve cela normal et même plutôt sain qu’il y ait une réflexion sur la diversité dans les médias. Cela ne veut pas dire que je suis le premier à faire ce que je fais. Le 20 heures de TF1 est un symbole et il fallait effectivement un symbole fort pour que l’on en parle. Il est encore trop tôt pour avoir le recul nécessaire, mais j’espère que cela a permis de poursuivre un mouvement enclenché déjà depuis maintenant plusieurs années.
Pour ma part, je continue à militer dans le collectif Averroès dont l’objectif est de sensibiliser les responsables médias, les directeurs de chaînes et aussi les responsables politiques à la question de la diversité. Par exemple, pour la première fois à Lyon, nous avons signé une convention de partenariat entre le club Rhône Diversité, qui est une émanation en Rhône Alpes d’Averroès, et, une école d’attachés de presse. L’objectif est que ces questions fassent parties des centres d’intérêt de l’école. Ce thème de la diversité est maintenant bien présent dans les thèmes de réflexion de la plupart des rédactions. Il commence à y avoir des résultats.
Pilibo mag : Durant cette période où l’on parlait beaucoup de votre nomination au 20 heures, vous sembliez plutôt détendu. Est-ce votre comportement habituel ou preniez-vous le recul nécessaire ?
Harry Roselmack : C’est plutôt mon comportement habituel. Je pense qu’il n’est jamais bon de plonger à chaud dans des mouvements d’humeur. Il fallait laisser passer « la tempête ». A l’époque, j’ai lu à peine le tiers de ce qui s’écrivait sur le sujet. Dans ce cas, la meilleure réponse à apporter était de faire mon travail le plus correctement possible.
Pilibo mag : Faisons ensemble une rapide revue d’actualité puisque vous présentiez le journal cet été. Concernant le cyclone Dean, il y a eu rapidement des images et des reportages sur TF1, comment l’expliquez-vous ?
Harry Roselmack : C’est la magie et la force de TF1 qui sait réagir rapidement. Le fait est, que nous avions, en plus, deux journalistes en vacances en Guadeloupe. Ils ont immédiatement été contactés et envoyés en Martinique. Notre grande chance est, que parmi eux, il y avait un rédacteur-reporter et un cameraman. Nous avons ensuite envoyé le journaliste Patrick Ninine, qui est originaire de Guadeloupe avec une autre équipe sur place, ce qui fait que nous avons pu alimenter les journaux comme il le fallait.
Pilibo mag : Autre actualité, la fin de la radio Média Tropical. Radio que vous connaissez car vous y avez, vous-même travaillé. Quel est votre point de vue ?
Harry Roselmack : Je suis évidemment triste pour les salariés de Média Tropical qui n’ont pas poursuivi l’aventure Tropiques FM et se retrouvent dans une situation délicate. Pour l’essentiel, ce sont des gens de grand talent et je ne veux pas croire qu’ils vont rester dans cette situation très longtemps. J’ai confiance en leur capacité à rebondir. C’est une page qui se tourne mais il y en a une autre qui commence. Il faut espérer que cette nouvelle page nous permettra d’avancer. Je n’ai aucun a priori et ne fais pas de procès d’intention. J’ai toujours rendu hommage à Média Tropical et n’ai jamais manqué de citer la station dans les interviews que je donnais. Il est vrai que c’est là que j’ai pu commencer à exercer mon métier.
Pilibo mag : Combien de temps y avez-vous travaillé ?
Harry Roselmack : J’y suis resté plus de cinq ans. C’est une station pour laquelle je garderai beaucoup d’affection. J’ai des souvenirs inoubliables. Ma rencontre la plus émouvante s’est faite à Média Tropical lorsque j’ai pu interviewer Aimé Césaire en juin 1999. Cela reste l’un des grands moments de ma carrière.
Pilibo mag : Vous intéressez-vous à l’actualité d’Outre-Mer ?
Harry Roselmack : Cela m’arrive de temps en temps de regarder les infos sur Internet parce que j’ai des copains qui travaillent à RFO, en Martinique essentiellement. Dès que j’en ai l’occasion je regarde ce qu’ils font. Grâce à la radio, j’essaie de garder le contact avec l’actualité et puis, j’ai mes parents qui me racontent tout ce qui se passe quand je les ai au téléphone !
Pilibo mag : Actualité Internationale, maintenant, que pensez-vous de Barak Obama qui se présente aux prochaines élections américaines ? Pensez-vous que ‘c’est l’Amérique’ ? Quelle est votre opinion ?
Harry Roselmack : Le fait est que c’est un peu cela. C’est l’Amérique dans le sens où il n’y a pas d’a priori sur les chances et la capacité, au départ, pour une personne, à réussir quelque chose de grand. Le fait que Barak Obama soit noir n’est pas un handicap en soi, c’est peut-être pour beaucoup un plus. De l’avis général il a du talent et du charisme. Pour le reste, je ne suis pas assez au fait de la politique américaine pour avoir un avis tranché. Je crois savoir qu’Hillary Clinton est en avance dans les sondages.
Pilibo mag : Parlez-nous des Antilles. Y retournez-vous souvent? Vos parents vivent en Martinique. Avez-vous également des frères et sœurs là-bas ?
Harry Roselmack : Mon frère vit en métropole et ma sœur à Londres. En Martinique, j’ai l’essentiel de ma famille, mes oncles, tantes et mes cousins. Depuis que je fais de la télé, je n’y suis pas retourné. Cela va faire deux ans et demi et cela commence à me manquer !
Même si nous nous téléphonons que de temps en temps, j’ai une famille soudée. C’est toujours avec grand plaisir que je retourne là-bas et je sais déjà que j’y suis très attendu ! (sourire) J’ai toujours l’habitude de faire les choses très simplement et très naturellement. Je retournerai avec mon épouse et ma fille qui est encore un peu petite. Les grands-parents l’ont vue grâce à la webcam mais il faut qu’ils puissent la porter. Cela va se faire dans les prochains mois.
Pilibo mag : Vous parliez de votre frère et votre sœur. Travaillent-ils aussi dans les médias ?
Harry Roselmack : Absolument pas. Mon frère est ingénieur consultant en informatique et ma sœur travaille pour la police britannique à Scotland Yard.
Pilibo mag : Depuis juillet, vous êtes aussi papa, comment vivez-vous votre rôle de père ? Y étiez-vous préparé ?
Harry Roselmack : Oh oui ! C’est sûr, j’étais prêt. Je le vis de façon simple et naturelle et je ne me prends pas la tête. Je n’ai lu aucun livre sur la question. Il y a des moments de bonheur évident. Cela passe par des regards et des sourires plus que par des mots car ma fille n’a que deux mois. Au début, on est un peu béat et émerveillé. Pour l’instant, elle est beaucoup plus proche de sa mère qui l’allaite. Il y a un déséquilibre pour le père mais cela est normal pour tous les couples. C’est juste que l’on tombe amoureux une nouvelle fois. C’est toujours agréable de tomber amoureux et de savoir que cet amour là est parti pour grandir et durer de longues décennies… Je l’espère en tous les cas.
Pilibo mag : Vous donnez l’image d’un homme droit, sans excès, qui a des valeurs…
Harry Roselmack : Je n’ai pas un comportement hors-norme, j’ai suivi l’exemple familial. J’ai peut-être eu la chance, de ne pas avoir un cadre familial qui pouvait, par mimétisme, me prédisposer à faire des excès en tous genres. Ce n’était pas trop le genre de la famille.
Pilibo mag : Vous êtes auteur d’un roman, Novilu. Pouvez-vous nous-en parler ? Pourquoi avoir utilisé le pseudo H. J Boungo ?
Harry Roselmack : J’ai pris un pseudo pour éviter l’amalgame entre l’homme de télévision, le journaliste et l’auteur. Le style du livre est différent et parfois même surprenant. J’ai envie de donner une autonomie et une chance à cette activité d’écriture en dehors de la sphère de la télé. En même temps, je souhaitais assumer ce livre et n’avais pas envie de me cacher derrière. Je devais faire la promo et puis… Boungo, est aussi une part de mon identité ( NDRL. Boungo est le nom de jeune fille de sa mère) je l’assume complètement. Le livre est né d’une volonté pour moi de me libérer, j’adore écrire et cela depuis petit. J’ai commencé par écrire des lettres à ma sœur, qui a grandi jusqu’à l’âge de 14 ans en Martinique, alors que nous, nous vivions en métropole. On ne se voyait pas très souvent. J’ai ensuite fait des bandes dessinées à l’école. J’ai toujours eu ce goût pour l’écriture et la communication. L’écriture journaliste est cadrée. J’avais envie d’écrire de manière plus libre. Je souhaitais m’amuser, confronter les personnages à des situations de crise, et en même temps donner à ces mêmes personnages des caractéristiques, un environnement, un passé et une vie. Ils réagissent de telle ou telle façon. Je fus moi-même étonné du résultat, j’espère que le lecteur le sera également. J’ai besoin de l’écriture. Je n’ai pas de règles et écris de façon très pulsionnelle.
Pilibo mag : Y a t-il une femme, dans la vie politique, sociale ou culturelle que vous admirez particulièrement ?
Harry Roselmack : (Après une courte réflexion) Je pense que Madame Taubira a un véritable destin politique. Destin qu’elle n’a pas encore totalement accompli. C’est une personne brillante et de grand talent. Elle mérite davantage que ce qu’elle a fait, jusqu’à maintenant, au niveau national. J’ai beaucoup d’admiration pour cette femme.
Retrouvez l’intégralité de l’interview de Harry Roselmack dans le dernier numéro de Pilibo Mag, dans les kiosques actuellement