Handifestival, festival international des personnes handicapées, est l’une des deux coups de cœur du jury qui remettra les prix de la première édition du Concours Harubuntu des porteurs d’espoir et créateurs de richesse africains le 20 octobre prochain à Bruxelles. Le Sénégalais Massiry Gueye, non voyant, raconte l’aventure qui l’a conduit du groupe musical Xamlé au lancement de Handifestival.
Harubuntu, le Concours des porteurs d’espoir et créateurs de richesse africains, connaîtra son épilogue le 20 octobre à Bruxelles lors de la remise des prix. Participants et lauréats ont montré une Afrique riche de potentiels et d’idées novatrices. Afrik, partenaire de l’évènement, vous propose d’aller à la découverte de quelques unes d’elles.
Handifestival, un festival international pour mettre en valeur les talents et les potentialités des handicapés du Sénégal et d’ailleurs. Au programme, musique, littérature, cinéma, expositions et débats. A l’origine de cette initiative inédite dans le monde, le groupe sénégalais Xamlé, en concert ce week-end en France dans le cadre de la 6e édition d’Orphée, le festival européen » Théâtre et Handicap ». C’est le premier déplacement à l’étranger des ambassadeuurs du « Mbalax moderne ». « Xamlé » signifie en wolof « faire connaître, sensibiliser »- tout un programme – et rassemble 15 musiciens : des handicapés et des non handicapés. « C’est très important pour nous d’avoir ce mélange et d’échanger à l’intérieur du groupe », affirme Massiry Gueye, 51 ans, marié, père de deux enfants et non voyant depuis 16 ans. L’artiste sénégalais a fondé Xamlé au début des années 90. « Nous voulions absolument essayer de nous prendre en charge, ne pas être dépendant d’autrui à cause de notre handicap. » Il associe immédiatement son frère, Abdou Maoutalib Gueye, non voyant comme lui. « Les mariages consanguins en Afrique ont parfois des effets désastreux », explique le plus âgé des frères Gueye, surnommé « Le Vieux ». Le cinquantenaire a perdu la vue à l’âge de 35 ans à la suite d’une maladie génétique, mais son handicap soudain ne le perturbe pas outre-mesure. Une joie de vivre et une pêche à faire pâlir les plus jeunes, qu’ils côtoient au quotidien, caractérisent l’homme. Ce dynamisme, il le transmet aux handicapés sénégalais, marginalisés comme partout dans le monde.
Sortir de la marginalisation par la culture
« Handifestival, c’est très important parce que les handicapés n’ont pas souvent l’occasion de bouger, insiste Massiry Gueye. Ils doivent avoir la possibilité de montrer leurs talents, de montrer ce qu’ils sont capables de faire ». L’artiste en est conscient depuis toujours mais le déclic qui l’a conduit à l’organisation du festival s’est produit en 2007, à la sortie du premier album du groupe. Un achèvement pour un groupe qui, en plus d’une quinzaine d’années, avait pu produire une cassette l’année précédente. L’œuvre est accueillie de façon phénoménale chez les handicapés. « Nous nous sommes rendus compte que l’expérience qu’était la nôtre, celle de nous exprimer à travers la musique devait être étendue à tous les handicapés. Nous voulions montrer au Sénégal que les handicapés peuvent contribuer à la valorisation de leur pays et contribuer au développement de leur pays». Handifestival est lancé et tient sa première édition en décembre 2007. Les partenaires sont nombreux sur le papier mais pas toujours au rendez-vous quand il s’agit de finances. Peu importe. L’évènement est inscrit dans le cadre de Décennie africaine des personnes handicapées et dans la campagne de vulgarisation de la Convention internationale sur les droits des personnes handicapées.
Handifestival est une expérience qui a marqué les esprits au Sénégal, pas seulement celui des handicapés. C’est un journaliste sénégalais qui est à l’origine de l’inscription de l’évènement au concours Harubuntu. Son intuition a été récompensée : le festival est l’un des deux coups de cœurs du jury qui remettra les prix du concours le 20 octobre prochain à Bruxelles. La deuxième édition de Handifestival, qui se tiendra du 18 au 20 décembre prochain, à Dakar contribuera encore à modifier « un regard qui change lentement », selon Massiry Gueye, sur les handicapés.
Le groupe Xamlé se produit ce samedi 18 octobre à 20h30 au Chaplin
(Mante-la-Jolie)
Pour plus d’informations, visitez le site du Festival Orphée
