La mission d’urgence de Handicap International, dépêchée au plus fort de la bataille d’Abidjan, s’est achevée fin août en Côte d’Ivoire. Une mission ponctuée de prise en charge des victimes de la crise, de distribution d’aides à la marche et de visites aux domiciles des victimes. Le passage de Handicap International a laissé des traces dans le cœur de centaines de familles ivoiriennes.
La crise postélectorale s’est achevée depuis plusieurs mois déjà. Et la vie à Abidjan a repris. Avec la population et avec les victimes rescapées, marquées à vie et portant des traces indélébiles, morales et surtout physiques du conflit postélectoral. Des victimes souvent oubliées dans les hôpitaux ou chez elles aux soins des parents et des organisations non gouvernementales.
Dans des hôpitaux désertés de médecins et sans aucun médicaments et où la prise en charge était inexistante du fait même de l’instabilité au faîte des institutions de la République, les blessés de la crise postélectorale, livrés à eux-mêmes, ont reçu l’aide et l’assistance des ONG internationales. Handicap International a joué un rôle très important dans la prise en charge des victimes des conflits de la bataille d’Abidjan.
La mission d’urgence de Handicap International dépêchée mi-avril dans la capitale a, comme plusieurs autres associations dont Médecins Sans Frontières (MSF), pris une grande partie des victimes en charge durant plusieurs mois encore après les affrontements. Selon un rapport de fin de mission de Handicap International, délivré par Viviane Hasselmann, Chef de projet kinésithérapie, ce sont au total près de 1 000 victimes du conflit post électoral qui ont été prises en charge. 3000 séances de réadaptation, permettant de favoriser la guérison des patients ont été dispensées. Par ailleurs, l’association a mis en place un partenariat avec une association ivoirienne (Vivre Debout) pour que 54 personnes amputées suite aux violences puissent être appareillées.
Aidée de 15 stagiaires de l’Institut national de formation des agents de la santé (Infas) d’Abidjan et de volontaires, Handicap International en quatre mois de présence à Abidjan, a pu aider à la rééducation de patients amputés des mains, des pieds, des doigts et ou des enfants orphelins comme cela a été le cas pour Koné Moussa, 12 ans, amputé de la jambe droite suite à l’explosion d’une bombe sur la maison de ses parents à Anyama.
Une salle de kinésithérapie entièrement opérationnelle à l’hôpital d’Abobo
La salle de kinésithérapie installée par Handicap International à l’hôpital d’Abobo sud est quasi vide ce mercredi 17 août 2011, en milieu de matinée. Deux patients écoutent attentivement les conseils d’un stagiaire de Handicap International pour une rééducation réussie à domicile. Ils apprennent les gestes indispensables pour continuer à se soigner quand ils ne seront plus en présence de kinésithérapeutes. Un quadragénaire amputé de la jambe gauche apprend à marcher à nouveau, béquilles sous les bras en attendant sa prothèse qui sera confectionnée par l’association « Vivre debout » basée au Chu de Yopougon. Un autre patient, soudeur en Guinée attend son tour. Il a perdu ses trois doigts centraux en voulant éviter une mort certaine à des enfants qui jouaient à la grenade. Très sympathique et positif, il communique aisément avec les agents et espère se remettre rapidement pour reprendre ses activités.
Quant à Anderson, 16 ans, arrivé en dernière position, il a un bandage négligemment fixé au bras gauche. Il a fait une chute en voulant fuir des combattants au plus fort de la crise. La fracture de son avant bras qu’il avait soumis à des soins traditionnels sans succès, semble s’aggraver. Il est là ce matin pour espérer repartir en meilleure santé. Jennifer, une Canadienne de l’équipe de Handicap International lui donne des instructions pour une rééducation à domicile en dehors des jours d’exercice prévus les lundi, mercredi et vendredi à la salle.
Une prise en charge poursuivie jusqu’au domicile
C’est au quotidien la situation humanitaire qu’ont connu les membres de Handicap International dépêchés en mission d’urgence en avril 2011 pour la prise en charge des victimes de la crise postélectorale. Les membres de la mission d’urgence a sillonné les hôpitaux d’Anyama, d’Abobo sud, les centres universitaires et hospitaliers de Yopougon, Cocody et Treichville, l’hôpital de Yopougon Attié et le centre hospitalier régional de Port-Bouët à la rencontre des victimes.
Ce sont au total environ un millier de ces victimes qui ont été répertoriées et assistées des éléments de Handicap International. Les 658 visites au domicile des patients, initiées par l’ONG ont permis de « sauver des vies, de redonner confiance aux victimes et de les aider à s’adapter à leur nouvelle condition », selon Viviane Hasselmann, intervenant depuis deux mois comme chef de projet kinésithérapie pour« Handicap International ».
Au nombre des donations aux associations d’handicapés et aux hôpitaux, l’ONG a offert des cannes blanches, des matelas, des béquilles, des fauteuils et chaises roulantes, des déambulateurs, des orthèse etc.
Handicap International est une association qui aide par des programmes de développement et d’urgence, des personnes handicapées à vivre mieux. L’ONG exerce depuis 1992 en Côte d’Ivoire dans le cadre de ses missions de développement où elle a mis en place un centre de réadaptation à Gagnoa et un atelier orthopédique à Danané en 1996. Depuis mars 2011, suite aux violences postélectorales, elle a proposé des soins aux blessés dans les hôpitaux de la ville d’Abidjan, alors à feu et à sang. Une crise qui a fait rappelons le 3000 morts.