Elu dimanche soir à Skhirat, Hamid Chabat, désormais à la tête du parti de l’Istiqlal, marque la fin de l’ère El Fassi.
Le premier secrétaire général (SG) élu démocratiquement au parti de l’Istiqlal (PI) l’a été dimanche 23 septembre à Skhirat, ville située entre Casablanca et Rabat. Hamid Chabat, cinquième SG de l’Istiqlal, est désormais aux commandes du plus vieux parti marocain. Il prend la place d’Abbas El Fassi, ancien Premier ministre (2007-2011), en poste depuis 1998. Elu avec 478 voix, soit 20 de plus que son adversaire Abdelouahed El Fassi, Chabat met fin à la « mainmise » de la famille El Fassi sur ce parti historique, fondé notamment par Allal El Fassi.
« La démocratie qui a prévalu lors des travaux du Conseil national a gagné », a déclaré à la suite de son élection le nouveau SG istiqlalien, qui par ailleurs est le député-maire de la ville de Fès. En organisant une élection à l’aide d’outils électroniques (badges, cartes magnétiques, etc.), toute tentative de fraude a été éloignée. « Le PI a donné la preuve de sa capacité à surmonter les périodes délicates. Les réformes que connaît le royaume ont besoin d’un parti de l’Istiqlal qui soit fort et capable de contribuer au changement et à l’édification de l’Etat de droit », a-t-il ajouté. Le PI a traversé dernièrement d’importantes secousses et tout particulièrement depuis l’annonce de la candidature en juin dernier de Hamid Chabat.
Chabat casse les codes de l’Istiqlal
A l’issue du scrutin, les félicitations de Chabat au clan El Fassi avaient un goût amer. Le clan Chabat a encore en mémoire les moyens utilisés par le clan El Fassi pour décrédibiliser la candidature du maire de Fès en faisant allusion, entres autres, aux démêlés des fils Chabat avec la justice. Le parti a d’ailleurs frôlé la scission. Mais la crise istiqlalienne serait en cours de résolution. Hamid Chabat entend donner au parti « une nouvelle étape de son riche parcours politique ».
Le PI est la deuxième force de la coalition gouvernementale. Abdelilah Benkirane, l’actuel Premier ministre et patron du Parti Justice et Développement (PJD), a du mouron à se faire. Il a désormais face à lui un SG soucieux de révolutionner le plus historique des partis marocains. Premier nationaliste marocain, le PI pourrait aujourd’hui avoir à ses côtés un grand nombre de militants du Mouvement du 20 février. Ces derniers dénonçaient le système oligarchique du PI. L’arrivée de Chabat pourrait bien changer la donne, d’autant plus que le gouvernement Benkirane en a déjà déçu plus d’un.
Chabat vs Benkirane
Les relations entre les deux hommes n’ont pas toujours été au beau fixe. Chabat qui est également le secrétaire général d’une des plus importantes centrales syndicales du pays, l’Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM), avait reproché à Benkirane en mars dernier sa non-application des accords du 26 avril 2011. Portant notamment sur la hausse du SMIG pour les secteurs de l’industrie, du commerce, des services et de l’agriculture, l’augmentation du seuil minimum des pensions servies par la Caisse nationale de sécurité sociale de 600 à 1 000 dirhams (de 54 euros à 90 euros). Le chef du gouvernement a souligné, le 14 mars 2012, l’engagement de son cabinet à mettre en œuvre les dispositions de ces accords.
Il n’est pas exclu que Benkirane revisite la composition de son gouvernement. Alors que Chabat voulait placer des membres de son clan à certains postes ministériels lors de la formation du nouveau gouvernement, l’ancien SG, soutenu par le comité exécutif du parti, s’y est opposé, préférant placer des membres de sa famille comme Mohamed El Ouafa, ministre de l’Education nationale, et Nizar Baraka, ministre de l’Economie et des Finances, respectivement beau-frère et gendre d’Abbas El Fassi.
Abdelilah Benkirane a désormais face à lui un adversaire de taille. Mais la tâche s’annonce difficile. Les El Fassi et les Fassi Fihri occupent des postes de premier plan. Ils sont présents au sommet de l’Etat, dans les ministères, ou à la tête d’offices publics. Ces anciens caciques de l’Istiqlal sont au cœur du pouvoir. (Comprendre le clan El Fassi, une enquête signée Le Mag). Hamid Chabat parviendra-t-il à révolutionner son parti et la politique chérifienne ?
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