Le journal The Rolling Stone a été sommé, par la justice ougandaise, de cesser de publier les photos et identités de personnes qu’il présente comme homosexuelles.
Dans un pays où l’homosexualité est illégale, voici une décision de justice qui fait acte. Un juge de Kampala, Vincent Musoke-Kibuuka, saisi en référé, a ordonné, lundi, au journal The Rolling Stone de « ne plus publier à l’avenir l’identité de toute personne qu’il pense être gay ou lesbienne ». The Rolling Stone avait publié, lundi, les photos, noms et adresses de personnes présentées comme les homosexuels les plus influents d’Ouganda en appelant à les « pendre ». Le mois dernier déjà, ce même journal avait publié une liste de ceux qu’il avait présenté comme les 100 « principaux » homosexuels du pays. Le juge a considéré que cela constituait « une atteinte au droit à la vie privée ».
Le juge a ainsi répondu favorablement à l’appel de l’association Minorités sexuelles d’Ouganda (Smug), qui avait demandé à la Cour suprême d’adopter une injonction contre la publication des visages dans les éditions futures. Selon cette association, la politique du journal a entraîné une recrudescence des actes de violence à l’encontre de la communauté homosexuelle ougandaise. « Nous vivons maintenant dans la peur », a ainsi témoigné Julian Onzeima, coordinateur de l’association. Une femme aurait frôlé la mort après que ses voisins lui aient jeté des pierres.
Sûr du bien fondé de son action, le gérant du quotidien, Giles Muhame, a expliqué qu’il comptait poursuivre la publication de photos d' »homosexuels » afin de les « aider à vivre une vie responsable ». « Nous continuerons à publier des photos mais d’une façon diplomatique, pour que nous puissions contourner la loi », a-t-il proclamé.
L’homosexualité est passible de peines allant jusqu’à la prison à vie en Ouganda et un projet de loi, en attente d’être voté, a même proposé en 2009 d’appliquer la peine de mort pour certains cas d’homosexualité.
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