Mettre un terme aux clichés sur les femmes sahraouies: voilées et soumises à leurs époux. C’est l’un des objectifs visé par Hajbouha Zoubeir en venant présenter, la semaine dernière à Paris, l’Association marocaine des femmes entrepreneurs pour le développement (Amfed), une association dont elle est la présidente. Elle est venue aussi réfléchir sur des possibilités de coopération entre des femmes chef d’entreprises des deux rives de la Méditerranée.
Hajbouha Zoubeir est une femme d’affaires. Une femme qui prend des initiatives. Très jeune elle s’est impliquée dans des activités associatives de lutte contre l’analphabétisme et d’amélioration de la condition féminine. Alors qu’elle était encore étudiante en littérature anglaise, elle crée une école à Laâyoune pour, dit-elle, rendre l’éducation accessible à tous à une époque où l’école privée coûtait encore chère. Aujourd’hui, son établissement compte environ 580 élèves du primaire au lycée. Elle ne s’arrête pas là. Elle abandonne la littérarure anglaise et s’inscrit en gestion des entreprises. Aujourd’hui, en plus de son école, elle possède ses propres entreprises et travaille sur plusieurs projets, notamment dans le tourisme culturel.
C’est cette image de la femme sahraouie, battante, qu’elle est venue défendre auprès de ses consœurs françaises, en témoignant du rôle important des femmes dans le développement économique et social des provinces du sud. Particulièrement dans sa région natale, Laâyoune. « La femme est présente dans toutes les activités de la vie quotidienne. Dans l’artisanat, dans le travail du cuir, la confection des tapis, et des tentes traditionnelles », explique-t-elle.
Des activités qui méritaient d’être mises en valeur. Avec quatre de ses amies, elle décide alors de créer des coopératives et des associations destinées aux femmes de sa région. Le résultat est concluant. Au point où, en 2003, l’association des femmes chefs d’entreprises du Maroc s’intéresse à elles et leur propose de créer une annexe. « Nous avons refusé, affirme-t-elle, parce que nous n’avions pas beaucoup d’expérience et cela risquait de ralentir l’élan que nous avions pris.»
Les investisseurs ne peuvent que réussir au sud du Maroc
Deux ans plus tard, elles fondent l’Amfed, l’Association marocaines des femmes pour le développement, avec pour mission de « valoriser les activités des femmes, d’améliorer leur productivité, et de faire en sorte qu’elles perdurent». Ce n’est pas tout. Elles aident aussi celles qui le souhaitent, à créer leurs propres entreprises. Les adhérentes de l’Amfed viennent du secteur des services, du commerce, du tourisme ou de l’enseignement, indique-t-elle. Certaines travaillent dans l’agriculture et l’industrie. »
L’Amfed est devenue aujourd’hui une association d’envergure nationale et internationale. Et collabore avec plusieurs autres organisations en Afrique sub-saharienne et en Amérique latine. Depuis début 2008, l’Amfed a adhéré à l’association internationale des femmes d’affaires et de professions libérales (Business and Professional Women – BPW) dont une section a été ouverte à Laâyoune. il s’agissait d’une première au Maroc.
Dans la capitale française, elle est venue, la semaine dernière, chercher de l’aide et lancer un appel aux investisseurs qui, depuis plusieurs années, évitent les provinces du sud du Maroc pénalisées par une situation conflictuelle (L’Etat marocain et les indépendantistes du Front Polisario se disputent la région du Sahara occidental). De cette rencontre parisienne, Mme Zoubeir assure avoir eu « de bons contacts et des promesses de prochaines collaborations. »
Aux investisseurs encore hésitants, elle signale que cette peur n’a pas lieu d’être. « Il y a une désinformation totale sur internet, les gens dramatisent la situation. Certes, il y a quelques émeutes isolées mais cela ne portent en rien atteinte aux activités économiques de la région. » Selon elle, « toute personne qui vient investir dans les régions du sud ne peut que réussir ! »