Le cas d’Haïti constitue l’exemple le plus récent de collaboration entre les organisations humanitaires et les militaires dans le cadre des interventions de secours organisées à la suite d’une catastrophe naturelle– et nous avons encore beaucoup à apprendre.
Bien que la coopération civilo-militaire (CIMIC) fasse désormais partie intégrante des réponses aux catastrophes de grande envergure, chaque scénario est différent, a dit à IRIN le lieutenant-colonel Denis Sevaistre, spécialiste de la CIMIC et de la planification d’urgence auprès de l’armée française.
Une étude réalisée en 2008 par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) et le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et intitulée The effectiveness of foreign military assets in natural disaster response a souligné les avantages et les pièges de l’implication militaire dans les opérations de secours organisées à la suite de catastrophes importantes.
L’étude a examiné les interventions militaires organisées après le passage du cyclone [Eline] au Mozambique en 2000, la tempête tropicale Jeanne à Haïti en 2004, le tsunami de l’océan Indien en 2004 et le tremblement de terre au Pakistan en 2005 et fondé ses résultats sur des indicateurs tels que le délai de réponse, l’adéquation des mesures, l’efficacité, la coordination et les coûts engagés.
D’après les résultats de l’étude, l’aide militaire étrangère est généralement efficace pour soutenir les gouvernements et les efforts de secours. Elle contribue à accélérer les interventions en cas de catastrophe et les efforts de reconstruction en comblant les lacunes en termes de capacité technique.
L’étude a également souligné qu’il était essentiel de coordonner l’évaluation des besoins, tant au début qu’à la fin de l’intervention. Dans le cas du tremblement de terre au Pakistan, par exemple, il n’y a eu, au début, que peu de coordination entre les besoins et l’aide militaire offerte : de l’aide a été fournie là où ce n’était pas nécessaire alors qu’elle n’était pas toujours disponible là où elle était le plus nécessaire.
Les défis de l’implication militaire :
• Les acteurs de l’humanitaire doivent accepter que les militaires – avec leurs équipements et leur expertise – interviennent dans un domaine qui relève traditionnellement de leur sphère d’activité ;
• Les acteurs militaires sont rarement impliqués dans les activités d’évaluation des besoins humanitaires ;
• La mauvaise compréhension de diverses règles de combat et modus operandi peut provoquer une certaine confusion entre les acteurs civils et militaires ; et
• Des tensions [peuvent survenir] au sujet de l’adéquation et de la coordination des moyens militaires déployés.
Selon Alan Butterfield, chef de la section de coordination civilo-militaire (CMCS) d’OCHA à Genève, le soutien militaire à Haïti est essentiel. En effet, l’ampleur de la catastrophe a ébranlé les capacités de réponse des organisations nationales et internationales qui œuvrent sur le terrain.
Les unités militaires ont principalement servi aux recherches et au sauvetage [des survivants], mais elles ont également contribué à la réhabilitation de routes et d’infrastructures, de sites d’urgences médicales, de systèmes d’eau potable et d’assainissement et au rétablissement des principaux systèmes de communication.
« L’incapacité à réagir adéquatement en cas de catastrophe peut avoir des effets dévastateurs pour les communautés affectées et miner les efforts de l’ensemble des acteurs internationaux impliqués », a indiqué M. Butterfield. « La coordination est particulièrement importante lors d’une crise humanitaire de grande envergure. En effet, elle permet de s’assurer que les efforts ne font pas double emploi et que les ressources vont là où on en a le plus besoin ».