De Montréal à Miami en passant par Paris, les Haïtiens vivant à l’étranger sont inquiets. Mais surtout envisagent les moyens les plus efficaces d’apporter une aide à leurs compatriotes. Tout comme leurs pays d’accueil.
« Nous sommes tous inquiets, nous nous appelons à Montréal, à New York et même en Floride pour avoir des nouvelles de nos cousins à Petionville là où le séisme a frappé», confiait Tonia Dyer, une Haïtienne qui vit au Canada depuis 40 ans, au journal canadien The Star dans un article publié mercredi. Un propos qui reflète bien l’état d’esprit de la diaspora haïtienne depuis l’annonce de la catastrophe qui endeuille le pays. Les Haïtiens de l’étranger sont estimés à plus de deux millions de personnes que l’on retrouve principalement à Montréal (Canada) et à Miami (Floride, Etats-Unis)
Mardi à16h53 locales (21h53 GMT), Haïti a connu son plus fort séisme depuis 200 ans. D’une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter, son épicentre se situe à environ 15 km à l’ouest de la capitale Port-au-Prince. Le Palais présidentiel s’est effondré, mais le chef de l’Etat, René Préval et son épouse ont eu la vie sauve. Il a accordé un entretien, le premier, au Miami Herald où il explique que le nombre de victimes reste encore à évaluer. Son Premier ministre avance le chiffre de 100 000 morts.
Une diaspora sur le qui-vive
A l’instar de leurs pays d’accueil, la communauté haïtienne résidant à l’étranger s’active pour aider les sinistrés. Jean-Robert LaFortune, président du Haitian-American Grassroots Coalition, une organisation qui rassemble 15 associations communautaires de la ville de Miami, en Floride, indiquait dans un article du journal américain The Christian Science Monitor, mercredi, qu’il devait s’entretenir le lendemain matin (ce mercredi matin donc) avec le consul d’Haïti pour organiser l’aide de la diaspora haïtienne de Floride. Plus de 350 000 Haïtiens vivent dans cet état du Sud-Est des Etats-Unis.
Au Canada voisin, Adrien Chavannes, le président de l’Association haïtienne de Québec, a affirmé au quotidien canadien Le Soleil que ses compatriotes vivant dans la province, environ 800 personnes, se mobiliserait pour venir en aide aux victimes. Un soutien plus important est attendu de la diaspora haïtienne vivant à Montréal, la plus importante au Canada. Elle compte 75 000 personnes. Une communauté qui est restée suspendue à la radio haïtienne de Montréal, CPAM. Tout comme les Haïtiens, à travers le monde, qui se ruent sur Internet pour avoir des nouvelles d’une nation coupée du monde.
A Paris, en France, environ une centaine de personnes appartenant à la communauté haïtienne se sont réunis mardi soir à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour une « veillée patriotique ».
Les secours partent du monde entier
Wyclef Jean, le musicien haïtien, arrivé également ce mercredi dans son pays d’origine, a appelé les Etats-Unis et la communauté internationale à apporter son aide.
Les secours de la communauté internationale sont en route. La gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, elle-même d’origine haïtienne. Elle a promis l’aide de son pays d’adoption. «Je suis avec attention et beaucoup d’inquiétude les premiers rapports concernant le tremblement de terre d’une force considérable qui vient de frapper Haïti et qui a été ressenti aussi ailleurs dans la région», a-t-elle indiqué mardi dans un communiqué
Son homologue américain s’est exprimé, lui, ce mercredi sur la drame que vivent les Haïtiens. « J’ai donné l’ordre à mon administration de réagir de façon rapide, coordonnée et énergique pour sauver des vies », a déclaré le président américain Barack Obama, il y a quelques heures. Des « équipes de recherche de Floride, Virginie et Californie arriveront toute la journée et demain », a-t-il indiqué.
Alain Joyandet, le secrétaire d’Etat français à la Coopération annoncé pour sa part, un peu plus tôt, que des avions seraient envoyés dans les plus brefs délais vers la zone sinistrée. Trois au total, selon le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.
La Suisse, l’Espagne et le Vénézuela figurent parmi les pays qui ont annoncé qu’elles apporteraient aussi leur aide à Haïti.
Deux après une série d’ouragans qui ont fait plus de 800 morts, Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain – environ 80% de ses 9 millions d’habitants vivent avec moins de 2 dollars -, est encore durement frappé. Dictatures, catastrophes et pauvreté sont devenus des plaies récurrentes pour la première République noire du monde.