Hackers militants du Maroc


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Ce sont des hackers activistes. Pirater des sites égyptiens, marocains, ou en encore israéliens est devenu un moyen d’exprimer leurs idées. Au Maroc, ils sont connus pour être très actifs et arrivent à casser les systèmes de sécurité. Lumière sur ces e-activistes.

Assis devant leur écran d’ordinateur, ils codent et recodent à la recherche de la faille informatique. Ce sont des hackers. Au Maroc, ils sévissent sur la toile et piratent de nombreux sites nationaux et étrangers. L’ Égypte, le Koweït et Israël comptent parmi leurs victimes. Ici pas de fraude à la carte bancaire, ces hackers marocains se rangent plutôt dans la catégorie des « hacktivistes ». Ils se servent d’internet pour faire passer des messages idéologiques, politiques ou religieux. « C’est la forme la plus ancienne de hacking. Beaucoup de pays en développement ont recours à ce mode de contestation », explique Ali El Azzouzi, un expert marocain en sécurité des systèmes d’information. Ces dernières années, au Maroc comme ailleurs, le piratage s’est démocratisé au point de voir émerger une multitude de nouveaux hackers.

Hacker né

Même s’il n’existe pas de profil type, les pirates sont souvent présentés comme des jeunes, moins de 20 ans, passionnés d’informatique. Les « haktivistes » peuvent se ranger dans deux catégories : “white hat” (chapeau blanc) et “black hat” (chapeau noir). Grossièrement, les gentils et les méchants. « Les white hat désigne ceux qui pénètrent des réseaux sans faire de dégâts et le black hat, ceux qui entrent dans un système dans un objectif souvent destructeur et lucratif », souligne un jeune geek.

Organisés en groupes, ils portent le doux nom de « Ghost of Morocco » (les fantômes du Maroc) ou encore de « Team Evil » (l’équipe diabolique). Pour Damien, journaliste à Zataz, quotidien en ligne sur l’informatique et le multimédia, il s’agit d’ « une jeune population qui fait des bêtises ». « Ils utilisent le piratage comme un passe-temps. Certains exploitent des idées politiques, mais dans la majorité des cas, ce sont des excuses pour les actions de piratage».

Les actes de piraterie

Reste que les hackers militants demeurent très présents sur la toile. Leur dernier fait d’armes en date : le site d’une discothèque espagnole, la Meca, érigée sur le modèle d’une mosquée avec un dôme et un minaret. Le 13 septembre dernier, des hackers ont remplacé la page d’accueil par une image du Haram Al Charif (dôme du rocher à Jérusalem), accompagnée d’une signature du pirate : un visage masculin affublé d’une casquette rouge étoilée et d’un message pour le moins explicatif : « Voulez-vous découvrir un beau jour que votre église est devenu un lieu dédié aux animaux d’élevage ou aux ordures ? ». Même constat en Égypte. Durant ce même mois, le site du ministère de la communication du pays a été piraté, en raison de la diffusion d’un téléfilm, Déshonneur, qui portait atteinte, selon eux, a la vertu des femmes marocaines.

Cette forme d’activisme sur internet a vu réellement le jour en 2006 avec le groupe de hackers « Team Evil ». Ils ont piraté plus de 750 sites israéliens en réponse à une offensive de l’État hébreu dans la bande de Gaza. Sur les sites touchés, on pouvait lire, dans un anglais moyen : « Piraté par le groupe arabe « Team Evil ». Tant que vous tuerez des Palestiniens, nous tuerons vos serveurs ». La riposte israélienne ne s’est pas faite attendre: quelque 400 vitrines Internet du Royaume ont été attaquées. La guerre sur le Web était officiellement lancée et le hacktivisme était né. « Ça reste une manière illégale et destructrice de manifester sa colère. Le but est sain, mais la manière ne l’est pas », observe Anas El Filali B., fondateur du blog Big Brother.

Sans protection

Si le hacktivisme a pris autant d’importance, c’est en raison de la vulnérabilité des systèmes. Très peu de sites des ministères ont mis en place des outils assez performants pour contrer des attaques informatiques. « Au Maroc, ils sont en terre conquise. Les sites ne sont pas bien sécurisés et il existe un vide juridique dans ce domaine », note Ali El Azzouzi. Le code pénal marocain contre la cybercriminalité qui punit les intrusions dans les banques de données et la loi sur la protection des données personnelles ne sont pratiquement pas appliqués. « Les juges ne sont pas assez formés et ne savent pas à qui ils ont affaire », s’insurge l’expert. Les « haktivistes » marocains n’ont pas fini de faire parler d’eux sur internet qui est devenu, en l’espace de quelques années, un cyber-paradis pour ces corsaires du XXIème siècle.

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