Guinée : vives réactions après la condamnation de Sékou Jamal Pendessa


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Sékou Jamal Pendessa
Sékou Jamal Pendessa

Tel un couperet, le verdict est tombé, ce vendredi, dans le procès de Sékou Jamal Pendessa. Le journaliste et syndicaliste a écopé d’une peine de six mois d’emprisonnement, dont trois en sursis. Une condamnation qui a suscité de vives réactions dans le pays.

«Participation à une réunion non autorisée par les autorités administratives compétentes, participation délictueuse à un attroupement non armé, atteinte et menace de porter atteinte à l’ordre public, à la sécurité publique, à l’intégrité et à la dignité des individus par le biais d’un système informatique, et de complicité». Voilà les chefs d’accusation retenus contre Sékou Jamal Pendessa, journaliste condamné, ce vendredi, à six mois de prison dont trois avec sursis et 500 000 francs d’amende. C’est le 19 janvier 2024 que l’homme des médias a été arrêté puis placé sous mandat de dépôt, trois jours plus tard, pour avoir voulu organiser une manifestation de protestation contre la censure de certains organes de presse et les restrictions sur l’accès à Internet.

Vers un bras de fer autorités/syndicats

Le tribunal de première instance de Dixinn a prononcé cette sentence privative de liberté contre le secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) alors même que sa remise en liberté est l’un des principaux points inscrits sur la plateforme revendicative des centrales syndicales pour le compte de la grève générale qu’elles veulent lancer dès lundi. Pas étonnant que les syndicats donnent de la voix aussitôt la sentence prononcée. «Notre avis de grève exige sa libération. Maintenant que tel n’est pas le cas, la grève sera effective jusqu’à ce que notre camarade Sékou Jamal Pendessa obtienne sa liberté. Je ne commente pas la décision de justice, car j’estime que le tribunal est dans son droit. Mais en même temps, le syndicat aussi est dans son droit d’aller en grève par rapport à ses revendications», a confié Amadou Diallo, coordinateur national du mouvement syndical à la presse.

De son côté, le propre syndicat de Sékou Jamal Pendessa a également dégainé. Une assemblée générale extraordinaire est convoquée, ce samedi à 11 heures, à la maison de la presse pour se pencher sur ce dossier brûlant et prendre des décisions. Les antennes du syndicat dans les autres régions du pays sont également invitées à tenir des assemblées générales au même moment.

Les avocats interjetteront appel

Le verdict rendu, ce vendredi, n’est naturellement pas du goût des avocats de Sékou Jamal Pendessa. Et ils n’ont pas caché leur position à la presse. «C’est comme si c’est une décision qui a été rédigée et on a chargé quelqu’un de venir la lire. C’est une décision qui a été lue avec tâtonnement et de façon incompréhensible. La décision qui vient d’être rendue est tout sauf une décision de justice», ont-ils déclaré. Avant d’ajouter : «Les infractions pour lesquelles notre client vient injustement d’être condamné et retourné en prison n’ont jamais fait l’objet de poursuite ni d’instruction préparatoire ni de débats à l’audience encore moins de contradiction. C’est d’autres infractions que le tribunal est parti chercher dans le code pour venir servir de base à une condamnation qui n’existe pas». Pour toutes ces raisons, les avocats ont décidé d’interjeter appel.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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