Guinée : vers une nouvelle grève de protestation des médias


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Sekou-Jamal-Pendessa-Secretaire-General-du-SPPG
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Après quelques semaines de répit, les professionnels des médias de Guinée s’apprêtent à lancer de nouveaux mouvements de débrayage. En cause, la fermeture par les autorités de quelques chaînes privées de radio et télé.

Les professionnels des médias guinéens se préparent à déclencher de nouveaux mouvements de grève. C’est l’annonce faite, ce lundi, par le secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), Sékou Jamal Pendessa, à l’occasion d’une conférence de presse. Au-delà des seuls professionnels des médias, c’est un appel à la grève générale comme celle qui avait été déclenchée en février pour exiger la libération de Sékou Jamal Pendessa, entre autres, qui a été lancé par le syndicat. Dans ce sens, une correspondance sera adressée à la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG). En tout, pour le secrétaire général du SPPG, la Fonction publique ne manquera pas de soutenir le mouvement de grève qui n’épargnera même pas les chauffeurs de la Présidence. Mais pour l’instant, la date de déclenchement du mouvement de débrayage n’a pas été révélée.

Une grève pour protester contre la fermeture de certains organes de presse

La raison pour laquelle le SPPG appelle à une nouvelle grève générale, c’est le retrait, la semaine dernière, de la licence à quelques organes de presse privés de bonne écoute comme Hadafo Medias, Djoma et FIM FM. Pour le syndicat, la décision de fermer ces médias est illégale et injustifiée. Ce point de vue est rejeté par le Premier ministre, Bah Oury, qui s’est prononcé sur cette décision qu’il a d’ailleurs justifiée, ce jour même. « Nous sommes dans un environnement fragile où nous avons vu ce que des médias ont pu commettre en Côte d’Ivoire lors des événements de 2009 à 2010 avec des presses extrêmement partisanes qui ont alimenté les graines de la haine et de la guerre civile. Nous avons vu ce que la radio Mille Collines a fait au Rwanda », a-t-il avancé.

Avant d’ajouter : « Nous ne pouvons pas nous permettre que dans un contexte de déstabilisation généralisée de l’Afrique de l’Ouest, on laisse libre cours à des mécanismes susceptibles de remettre en cause les fondamentaux de la stabilité et de la sécurité nationale. Quiconque le fait sera totalement irresponsable ». Et le Premier ministre de conclure : « La liberté de la presse ne veut pas dire une licence absolue pour insulter ou pour diffamer ».

La liberté de la presse de plus en plus menacée en Guinée

Depuis plusieurs mois, les journalistes guinéens dénoncent la volonté de plus en plus affichée du CNRD de réduire considérablement le champ d’action des médias pour les réduire au silence. Pendant trois mois, les autorités de Conakry ont restreint l’accès à Internet, pénalisant non seulement les médias, mais aussi beaucoup d’autres secteurs d’activités qui ont besoin d’Internet pour fonctionner normalement. Il a fallu l’annonce de la grève générale de février pour que ces restrictions soient levées. Pis, le secrétaire général du SPPG avait été incarcéré et condamné dans la foulée pour avoir appelé à manifester contre la censure de certains organes de presse et justement les restrictions sur l’accès à Internet. Lui aussi a été libéré, après avoir été condamné à la durée de son incarcération – soit un mois et six jours – à la suite de la grève générale déclenchée fin février.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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