Les Guinéens choisissent ce dimanche leur Président, plusieurs mois après le premier tour du 27 juin dernier. Les résultats de ce scrutin, entaché par des irrégularités, avaient ravivé les tensions ethniques et remis en cause la neutralité de la Commission électorale nationale électorale (Ceni). Le second tour de la présidentielle devrait permettre à la Guinée de tourner la page de 52 ans de dictature si les Guinéens accueillent le verdict des urnes dans la sérénité. Les appels dans ce sens, relayés par la communauté internationale, se sont multipliés ces derniers jours dans le pays.
Plus de 4 millions d’électeurs guinéens votent ce dimanche dans le cadre du second tour de la présidentielle après plusieurs reports et cinquante-deux ans de dictature. Le 27 juin dernier, les Guinéens allaient élire démocratiquement leur Président pour la première fois depuis l’indépendance de leur pays. Cellou Dalein Diallo, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), récoltait 43,69% des suffrages contre 18,25% pour le candidat Alpha Condé, le candidat du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG). Mais, le résultat des urnes divise et fait ressurgir les tensions ethniques dans le pays. Notamment entre Peuls et Malinkés, communautés dont son issus respectivement l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo et l’opposant historique Alpha Condé.
Le second tour, prévu le 18 juillet dernier, doit être reporté à cause des irrégularités qui ont émaillé le premier et des suspicions autour de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). L’actuel président de la structure, le général malien Siaka Toumany Sangaré qui a prêté serment ce jeudi, fait l’objet d’un consensus qui a permis d’organiser les élections de ce dimanche.
Sérénité pendant et après le vote
Dans un souci d’apaisement, les candidats ont publié vendredi un communiqué commun. « Nous, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé (…) réitérons notre engagement à œuvrer pour un scrutin apaisé, libre et démocratique sur l’ensemble du territoire national, en conformité avec notre protocole d’entente de Ouagadougou du 3 septembre 2010 », indique le document. Ils ont également invité leurs compatriotes à voter « dans la paix, le calme, la sérénité » et à faire « de la période postélectorale, un moment historique de confraternité retrouvé. » Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé ont déploré aussi « tous les incidents qui ont menacé d’affecter les bases notre cohésion sociale ainsi que leurs conséquences humaines, matérielles et morales ».
Le président de la transition, le général Sékouba Konaté, qui a a déjà voté ce dimanche, a estimé la veille « que quelque soit l’issue de cette première élection libre et démocratique dans l’histoire de la Guinée, chaque Guinéen est en droit d’éprouver un sentiment légitime de fierté d’avoir contribué à une œuvre historique de libération de la Guinée ». La communauté internationale souhaite également voir s’achever le processus électoral en Guinée dans la sérénité. Dans un communiqué rendu public le 3 novembre, les Etats-Unis et l’Union européenne ont fait appel « au sens de responsabilité des candidats au second tour afin de mettre les exigences d’unité et de concorde nationales au dessus de leurs desseins partisans » et les ont invité à « rappeler à l’ordre les extrémistes dans leurs camps respectifs ». Les autorités américaines et européennes ont insisté sur le fait que la Ceni était seule habilitée à communiquer les résultats du vote.
Les bureaux de vote fermeront leurs portes ce dimanche à 18h (GMT, heure locale).