Huit jour après la dissolution surprise du gouvernement, le Président Mamadi Doumbouya a nommé un nouveau Premier ministre. Amadou Oury Bah n’a pas tardé à prêter serment.
Huit jours après la dissolution du gouvernement du Premier ministre Bernard Goumou, la Guinée connaît le nom de son nouveau Premier ministre. L’heureux élu, Amadou Oury Bah, n’est pas un inconnu de l’échiquier politique guinéen.
Un vieux routier de la politique guinéenne
Né à Pita en 1958, celui que ses compatriotes connaissent mieux sous le nom de Bah Oury a fondé, en 1991, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), parti dirigé depuis 2007 par Cellou Dalein Diallo. En tant que fondateur et chef de ce parti, Bah Oury a été une figure de proue de l’opposition depuis le début des années 1990. En 2008, ce banquier est nommé ministre chargé de la Réconciliation nationale, de la Solidarité et des Relations avec les Institutions dans le gouvernement Souaré, dernier gouvernement de la Guinée sous la présidence de Lansana Conté. En 2009, sous la présidence de Moussa Dadis Camara, Bah Oury préside le comité d’organisation de la manifestation du 28 septembre qui s’est soldée par un massacre de plus de 150 personnes.
En 2011, c’est depuis son exil en France qu’il est condamné par contumace à la prison à perpétuité pour atteinte à la sûreté de l’État. L’opposant est inculpé dans l’attaque armée contre le domicile privé du Président Alpha Condé dans la nuit du 18 au 19 juillet 2011. En décembre 2015, il est gracié par Alpha Condé et est autorisé à rentrer dans son pays. Le 5 février 2016, Bah Oury sera exclu de son parti. Il lui était reproché de soutenir le pouvoir d’Alpha Condé plutôt que la ligne électorale du parti. Actuellement, il préside un autre parti, l’union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (UDRG).
Tout récemment, Bah Oury s’est prononcé contre le mouvement de grève lancé par les centrales syndicales. «Le lancement d’un mouvement de grève générale par les syndicats guinéens pour le lundi prochain est inopportun», a-t-il posté sur X. Pour lui, «la dissolution du gouvernement par (la Présidence) est une situation exceptionnelle qui doit amener les responsables syndicaux à surseoir à leur mouvement jusqu’à la formation du prochain gouvernement pour leur permettre d’avoir des interlocuteurs responsables pour aborder le fond des sujets en litige».
Une lourde responsabilité
Bah Oury hérite de la Primature à un moment où la tension est particulièrement forte dans le pays. Il aura notamment à gérer le mouvement de grève généralisée lancée, depuis ce lundi, dans le pays. Ça, il le sait mieux que personne puisque sans avoir une charge gouvernementale, il endossait en quelque sorte la responsabilité déjà. En témoignent ces propos qu’il a postés sur X : «Ainsi, il est urgent de procéder à la désescalade de la tension pour ne pas enfoncer davantage la Guinée dans une crise généralisée dont la population et la sécurité nationale en seront gravement affectées».
Et d’ajouter : «Les autorités morales du pays en conséquence doivent prendre des initiatives pour s’autosaisir afin d’amorcer un dialogue entre le CNRD et les représentants du mouvement syndical. Ceci est d’autant plus nécessaire que des mesures d’apaisement sont déjà prises par les autorités de la transition en ce qui concerne la restriction de l’accès à Internet. Par un dialogue responsable et constructif, il est possible d’avancer dans la résolution des revendications pour éviter d’aggraver les épreuves que les Guinéens endurent».
Le voilà désormais responsabilisé pour redonner la confiance à ses compatriotes qui ne cachent plus leur lassitude du CNRD.
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