Les représentants des Forces vives de Guinée et la délégation de la junte au pouvoir se rencontrent à partir de ce mercredi, à Ouagadougou, dans le cadre de la médiation de Blaise Campaoré, le Président du Burkina Faso (médiateur de la CEDEAO pour la crise en Guinée). Comment faire pour que ce dialogue ne soit pas stérile ?
Le 28 septembre 2009 restera comme une des journées les plus sombres de l’histoire guinéenne. Des militaires tirant sur la foule, violant des femmes et tabassant des leaders de l’opposition. Bilan: près de soixante morts, selon la junte, plus de 150, selon les organisations de défense des droits de l’homme. Les membres du club NIMBA CAP21 regrettent, condamnent cette barbarie humaine et s’inclinent pieusement devant la mémoire des disparus.
Suite à cet évènement tragique et afin de trouver une solution à la crise qui s’est installée,le samedi 17 Octobre 2009, la CEDEAO a désigné le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, médiateur (facilitateur) de la crise Guinéenne.
Dans le cadre de sa médiation, le Président burkinabé a respectivement reçu les Forces Vives Guinéennes (Collectif composé de partis politiques, de Syndicats et de structures de la société civile) et la délégation du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) afin de les écouter et recevoir leurs propositions de sorties de crise, notamment quant à la définition des contours de la nouvelle autorité de transition, des conditions d’éligibilité et du chronogramme des prochaines élections et un milliers de blessé.
Après avoir pris connaissance des positions de chacune des parties, le Club NIMBA CAP21 constate le risque élevé de blocage du processus de négociations.
En effet, les Forces Vives Guinéennes réclament le départ de la junte militaire, la non candidature du Capitaine Moussa Dadis Camara et des membres de la junte et la mise en place d’un nouvel organe de transition pour une période de six (6) mois.
La délégation de la junte a, de son côté, proposé la formation d’un gouvernement de transition de large ouverture (associant donc les Forces Vives), dirigé par un premier ministre désigné par consensus, soumis à l’autorité de Dadis Camara, chef de la junte au pouvoir.
Le CNDD élude ainsi la question en suspend du départ du Capitaine Dadis Camara de la direction de la transition, attitude qui laisse deviner la volonté de ce dernier à se porter candidat aux prochaines élections présidentielles.
Le CNDD souhaite enfin, la limitation de l’âge des candidats à 70 ans et la poursuite des audits des premiers ministres.
Au regard de ces deux positions, le club NIMBACAP21 constate un fort risque d’enlisement des négociations pouvant conduire à une impasse clairement dommageable au retour de la stabilité et de l’ordre institutionnel en Guinée.
NIMBACAP21 dans son rôle de contributeur aux grandes questions qui touchent la nation guinéenne a tenu à faire quelques propositions, qui, il espère modestement, permettront de faire avancer les négociations afin d’obtenir un consensus pouvant mener à une sortie de crise heureuse.
Le club estime qu’il est important de dépassionner le débat; cela permettra d’éviter une radicalisation des positions. Chaque partie doit être consciente des efforts qu’elle est nécessairement appelée à fournir afin d’aboutir à un compromis en faveur de la nation guinéenne.
La crainte légitime des uns et des autres de voir une des parties jouer le rôle de juge et partie est compréhensible ; cependant, malgré la barbarie du 28 septembre dernier, l’exclusion d’une ou plusieurs parties des prochaines élections pourrait générer des frustrations et empêcher ainsi l’aboutissement à un compromis. C’est en tenant compte de tous ces facteurs que NIMBA Cap 21 propose les pistes de solutions suivantes :
1) La neutralité de la nouvelle autorité de transition
La réussite de la transition sera en grande partie appréciée à la qualité, la crédibilité, la fiabilité et la transparence des prochaines élections. C’est pourquoi, aucune des deux composantes (CNDD et Forces Vives) ne doit, à la fois, conduire la transition et être candidat aux prochaines élections. Aucun éventuel candidat aux prochaines élections ne doit participer à la nouvelle autorité de transition, a fortiori la diriger. D’où la nécessité d’avoir une personnalité neutre, consensuelle, si possible apolitique pour diriger cette transition. Toutefois, il est tout à fait concevable que chaque partie ait des représentants dans le nouveau gouvernement de transition.
La conséquence directe de cette recommandation est la non exclusion d’une quelconque candidature, fut-elle celle du Capitaine Dadis Camara. Il devrait pouvoir se présenter aux prochaines élections au même titre que toutes les autres parties après s’être retiré du pouvoir et de l’armée, conformément au code électoral Guinéen
Bien que les évènements du 28 septembre derniers suscitent encore une vive émotion de la part de nos concitoyens, le peuple de Guinée doit être patient, et attendre les conclusions de la commission d’enquête internationale. Les responsabilités seront alors situées et les sanctions appliquées, nul n’étant au dessus de la loi. Il est important de rappeler que les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles et ne souffrent d’aucune immunité.
Cette première proposition, parait pour le club NIMBA la solution idéale. Si elle ne fait pas consensus, dans ce cas, une seconde proposition qui consisterait à impliquer les deux parties au même niveau de responsabilité dans la conduite de la transition peut être envisagée.
2) Une autorité de transition avec les deux parties au même niveau de responsabilité
Il s’agit de créer un poste de Président de la nouvelle autorité de transition et deux postes de vice-présidents.
Une personnalité neutre (n’appartenant ni au CNDD, ni au Forces Vives), sur laquelle s’accorderait toutes les parties occupera le poste de président de l’autorité de transition. Ce dernier détiendra pendant la période transitoire, le pouvoir de nomination à tous les postes administratifs et coordonnerait la préparation des élections.
Les deux postes de vice-président pourront être respectivement occupés par une personne de la junte et une personne désignée par les Forces Vives. Ils seront soumis à l’autorité du président de la transition.
La personne désignée par le CNDD pourrait avoir pour principale mission la réforme de l’armée sous l’autorité du président de la transition. Il faudra définir clairement les rôles et missions du président et des deux vice-présidents.
Le président de la transition s’engagera formellement, par écrit, à ne pas se porter candidat aux élections. Les deux vice-présidents devront démissionner soixante jours au plus tard avant les élections s’ils souhaitent se présenter à celles-ci.
3) La formation d’un gouvernement de transition de large ouverture
Dans les deux cas de figure, il nous semble primordial de mettre en place un gouvernement de transition avec toutes les forces politiques et sociales du pays qui aura pour seule mission, l’organisation des élections, la mise en place d’institutions solides et crédibles et l’expédition des affaires courantes de l’Etat.
La mission de la nouvelle autorité de transition et du gouvernement de transition devra être clairement définie notamment en ce qui concerne ses attributions et le chronogramme de la transition.
La démilitarisation de l’administration (Gouverneurs, préfets, sous-préfets, ceux aux hauts postes administratifs…) doit être effectif avant la tenue des élections.
Nous proposons le renvoie du débat portant sur l’âge des candidats au niveau du conseil national de la transition chargé de réviser la constitution Guinéenne.
Le Club NIMBA CAP21 espère que chaque partie pensera d’abord à l’intérêt supérieur de la nation Guinéenne au lieu des intérêts personnels et partisans. La stabilité de notre pays en dépend ainsi que la quiétude de la population.
En définitive, le club Nimbacap21 espère que la compréhension des uns et des autres permettra d’aboutir à des élections libres et transparentes, clé de voute pour une issue heureuse à la crise.
Par Club NIMBA CAP21