Guinée : Pression sur la CEDEAO après des disparitions


Lecture 3 min.
Senegal drapeau
Crédit : 123RF

La disparition de deux figures majeures de la société civile guinéenne, Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, continue de susciter l’indignation et l’inquiétude. Arrêtés dans la nuit du 9 au 10 juillet 2024, ces activistes du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) sont portés disparus depuis.

Malgré des démarches intenses de leurs familles et avocats, le silence persistant de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) soulève de sérieuses questions. Alors que les défenseurs des droits humains dénoncent cette inaction, la pression sur l’organisation sous-régionale ne cesse de croître.

Le silence inquiétant de la CEDEAO

Depuis leur arrestation, ni les familles, ni les avocats de Foniké Menguè et Billo Bah n’ont reçu de nouvelles quant à leur sort. Face à ce flou, les épouses des activistes, soutenues par un collectif d’avocats, ont adressé une lettre ouverte à la CEDEAO. Elles appellent à une réaction urgente. Leurs défenseurs, William Bourdon et Vincent Brengarth, dénoncent des violations flagrantes des droits humains. lls s’interrogent également sur l’absence de prise de position claire de l’organisation, pourtant connue pour son rôle central dans la médiation des crises en Afrique de l’Ouest.

Des disparitions au cœur de la répression politique en Guinée

Les arrestations de Foniké Menguè et Billo Bah ne sont pas des cas isolés. Elles s’inscrivent dans un contexte plus large de répression contre les voix dissidentes en Guinée. La junte militaire, au pouvoir depuis 2021, est accusée de violer systématiquement les libertés civiles. Selon les avocats des activistes, ces arrestations ont clairement un lien avec leurs engagements politiques. La situation des deux hommes est devenue un symbole de l’intimidation exercée par les autorités guinéennes à l’encontre de toute opposition. Cette stratégie est dénoncée par de nombreuses organisations internationales.

La CEDEAO Interpellée

Dans leur missive, les avocats de Foniké Menguè et Billo Bah rappellent à la CEDEAO son rôle clé dans le maintien de la stabilité. Ils insistent aussi sur l’importance de défendre la démocratie dans la sous-région. Ils fustigent le silence de l’institution et appellent son président, Dr Omar Alieu Touray, à agir rapidement. « Il est impensable de croire que les juridictions guinéennes iront au bout des investigations », déclarent-ils, pour souligner l’urgence d’une intervention externe. Ce silence prolongé menace non seulement les vies des deux activistes, mais aussi la crédibilité de l’organisation. Aux yeux des populations civiles, la réputation de la CEDEAO est en jeu.

Des pistes de recours

Malgré l’absence de progrès visible, les familles et les avocats de Foniké Menguè et Billo Bah continuent de multiplier les actions. Une plainte pour disparition forcée a été déposée en France contre le chef de la junte, le colonel Mamadi Doumbouya. Cette plainte, déposée en juillet 2024, s’appuie sur des preuves tangibles qui pointent directement vers les autorités guinéennes. Les défenseurs des deux hommes espèrent qu’une mobilisation internationale pourra influencer le sort des disparus. Ils croient que cela pourrait mener à leur libération.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News