La campagne électorale pour la présidentielle de juin débute ce lundi en Guinée. Huit candidats, parmi lesquels Alpha Condé et Sidya Touré sont déjà en lice. La liste des candidatures reste ouverte jusqu’au 21 mai, pour des élections prévues le 27 juin. Elles devraient permettre de rendre le pouvoir aux civils après 50 ans de régimes autocratiques.
C’est ce lundi que la campagne électorale a débuté en Guinée. Attendue dans un mélange d’appréhension et d’espoir par la population guinéenne, elle précède les premières élections présidentielles libres de l’histoire du pays, prévues le 27 juin. Parmi les postulants à la magistrature suprême, Alpha Condé, 73 ans et seul rescapé de la première élection présidentielle pluraliste de 1993. Eternel opposant des régimes guinéens successifs, Alpha Condé, qui avait refusé de participer au scrutin de 2003 pour « manque de transparence », représentera les couleurs de son parti, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) qui l’a investi dimanche, lors d’une convention à Conakry. Il entre dans l’arène électorale aux côtés de quelques concurrents déjà déclarés : les anciens premiers ministres Cellou Dalein Diallo de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Lansana Kouyaté du Parti de l’espoir pour le développement national de la Guinée (PEDN) et Sidya Touré de l’Union des forces républicaines (UFR).
Cependant, dans un pays qui compte 124 partis agréés, il n’est pas exclu que d’autres personnes se déclarent d’ici le 21 mai, date de clôture de la liste des candidatures. Même si la caution de 100 000 dollars exigés par candidat paraît dissuasive pour les plus modestes. La campagne doit durer 40 jours, selon le nouveau code électoral mis en place par le gouvernement de transition et validé par le président de la République par intérim de la Guinée, le général Sékouba Konaté. Toutefois, selon le portail Guinéeweb, qui signalait dimanche la présence d’affiches et de posters de certains candidats sur les murs des villes guinéennes, certains postulants au premier rôle n’ont pas attendu l’ouverture officielle de la campagne pour commencer à sillonner le pays, et à tenir des meetings auprès de leurs compatriotes de l’étranger.
Un passé politique mouvementé
Vivement attendu, ce premier scrutin libre depuis l’indépendance de 1958 représente un espoir incommensurable pour les Guinéens : celui de mettre fin à la période de transition chaotique qui a suivi, en décembre 2008, la mort de l’autocrate Lansana Conté. Une période de transition gérée par deux militaires. D’abord le capitaine Dadis Camara, successeur autoproclamé de Lansana Conté, qu’une tentative d’assassinat a éloigné du pouvoir en décembre 2009. Puis son remplaçant, le général Sékouba Konaté, l’actuel chef de l’Etat par intérim, qui doit rendre le pouvoir aux civils, à la fin du processus électoral.
La présidentielle de juin marquera un changement radical dans la vie des Guinéens, qui, pour la première fois, se choisiront un président. Premier pays francophone d’Afrique sub-saharienne à revendiquer son indépendance, la Guinée n’a connu, pendant
plus d’un demi-siècle, que des régimes autocratiques. Celui d’Ahmed Sékou Touré, proclamé « père de l’indépendance », dont les 26 ans de règne sans partage ont fait près de 50 000 morts. Celui de Lansana Conté, président de 1984 à sa mort fin 2008, qui a laissé un pays exsangue, aux mains de la junte dirigée par Dadis Camara.