La junte guinéenne a célébré mercredi le premier anniversaire de son accession au pouvoir en l’absence de son chef, Dadis Camara, toujours hospitalisé au Maroc. Cette journée a été déclarée fériée sur toute l’étendue du territoire national. Sékouba Konaté, le numéro deux de la junte, a prononcé un discours dans lequel il a appelé à l’organisation d’«élections présidentielles transparentes».
« Je tiens à réaffirmer avec force notre volonté, vous mes compagnons, moi et le peuple de Guinée, de choisir dignement nos dirigeants à travers des élections libres et démocratiques », a déclaré le général Sékouba Konaté, le numéro 2 de la junte, dans son discours. « Nos élus se sentiront légitimes autant que nos institutions quand ils seront l’émanation du peuple », a-t-il ajouté. Le 23 décembre 2008, la junte s’emparait du pouvoir, quelques heures après la mort du président Lansana Conté, au pouvoir depuis 24 ans. Les putschistes justifiaient leur action par « la corruption généralisée, l’impunité érigée en méthode de gouvernement, l’anarchie dans l’appareil de l’Etat ».
Dadis Camara devrait rentrer en Guinée
Mais l’ambiance, en cette fin d’année, n’est pas vraiment à la fête en Guinée. Le pays est plongé dans une grave crise économique, sociale et politique. Et, la répression sanglante du 28 septembre n’a fait qu’envenimer une situation déjà préoccupante. La commission d’enquête de l’Onu sur cette tuerie, qui a fait au moins « 156 personnes tuées ou disparues », a rendu public lundi un rapport accablant sur le Capitaine Camara et ses hommes pour « crimes contre l’humanité ».
Le chef de la junte est par ailleurs toujours hospitalisé au Maroc, après la tentative d’assassinat perpétré contre lui par son aide de camp. Pour les autorités, sa vie n’est toutefois plus en danger. « Il va mieux (…). Son retour est une question de jours. Il reviendra dès que son médecin le fera savoir », a déclaré, mardi, le secrétaire permanent de la junte, le colonel Moussa Keita, lors d’une réunion organisée par les membres du conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), le mouvement politique de la junte. La journée de mercredi a été déclarée fériée dans l’ensemble du pays, et « de petites manifestations de joie dans les unités et les casernes » et « une prise d’armes et un repas de corps » ont été organisés.
La junte dans la ligne de mire
La veille, Sékouba Konaté avait invité les composantes nationales (partis politiques, syndicats, société civile) à jouer chacune sa partition dans l’apaisement du climat politique et social dans le pays. Il avait également demandé à la communauté internationale d’accompagner la Guinée. Mais pour l’instant, la France et l’Union européenne ne semblent pas disposer à accorder le moindre soutien à la junte. Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française a souhaité mardi que «M. Dadis Camara reste dans son lit au Maroc» et ne revienne pas dans son pays. Son retour pourrait « déclencher une guerre civile », a-t-il expliqué. Le même jour, l’Union européenne a décidé de durcir ses sanctions à l’encontre de la junte.