Un mort et cinq blessés. Tel est le bilan de la marche que l’opposition guinéenne a organisé ce jeudi à Conakry pour réclamer l’annulation du décret du président Alpha Condé fixant la date des élections législatives du 30 juin.
Le bras de fer continue en Guinée entre le pouvoir et l’opposition autour des conditions d’organisation des élections législatives qui ont été sans cesse repoussées. Depuis deux ans, l’opposition réclame le renvoi de l’opérateur de saisie sud-africain Waymark et la participation des Guinéens de l’étranger au vote. Ce que les autorités refusent. Les opposants qui n’entendent pas renoncer à ses deux revendications ont déclenché une série de manifestations sur l’ensemble du territoire guinéen.
En effet, comme la marche précédente, la manifestation de l’opposition organisée ce jeudi a été émaillée de violences faisant un mort, Boubacar Diallo, âgé de 16 ans et dix autres blessés par balles. Le gouvernement de son côté a promis que des enquêtes seront ouvertes pour traquer les auteurs. A la veille de la marche, un protocole d’accord de non violence avait été signé entre le gouvernement, l’opposition et la mouvance présidentielle.
Sur une distance de près de 15 km allant du rond-point de Bambéto, dans la banlieue de Conakry, jusqu’à l’Esplanade du Stade du 28 septembre, les opposants dont Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, Sidya Touré de l’UFR, Lansana Kouyaté du PEDN, ont harangué une foule compacte. Tout le long du trajet, les militants et sympathisants de l’opposition scandaient des slogans hostiles au régime d’Alpha Condé. Dans la foule retentissait : « Alpha zéro ». Sur les pancartes, on pouvait lire : « Nous voulons des élections libres et transparentes », « Elections sans Waymark ». La marche se déroulait bien mais c’est lorsque les manifestants sont arrivés au niveau du siège du Rpg-Arc-en-ciel, le parti au pouvoir, que tout a dégénéré entre forces de l’ordre et jeunes manifestants.
Message des leaders de l’opposition
Arrivée au lieu du meeting, l’esplanade du Stade du 28 septembre aux environs de 14 heures, les leaders de l’opposition ont, tour à tour, dénoncé le chômage des jeunes, la mauvaise gouvernance, l’organisation des élections frauduleuses.
« On se demande pourquoi l’opposition continue de marcher ? Pourquoi on fait ceci, pourquoi on fait cela ? On le fait parce que depuis deux ans et demi, nous vivons dans le mensonge. On n’a jamais vu cela nulle part. Il faut que les guinéens comprennent que nous ne pouvons pas continuer à être des gens spéciaux. La démocratie, c’est le consensus. La démocratie, c’est l’inclusion. La démocratie, c’est ensemble qu’on la construit. Aujourd’hui, nous avons un pouvoir d’exclusion. Un pouvoir qui est devenu un pouvoir d’exception. Il faut qu’on revienne à la réalité des choses. La réalité des choses, c’est que le mensonge ne peut pas triompher. La division ne peut pas triompher. L’exclusion ne peut pas triompher. Les élections truquées ne peuvent pas triompher non plus », a dénoncé Sidya Touré, président de l’Union des Forces Républicaines (UFR).
« Soyez prêts » pour une nouvelle marche
Dans la même lancée, le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, a remercié les militants et sympathisants de l’opposition républicaine pour s’être mobilisés massivement. « Je sais que vous avez été démarché et intimidé. On a essayé de vous corrompre, mais vous avez dit non. L’opposition républicaine est fière de vous. L’Afrique est fière de vous parce que vous êtes dans tous les combats pour l’instauration de la démocratie et de l’Etat de droit en Guinée. N’acceptez pas les intimidations et la corruption », a-t-il dit.
Par ailleurs, il a appelé ses militants à une nouvelle marche la semaine prochaine. « Soyez prêts, parce que la semaine prochaine, la prochaine marche, il faut que l’effectif d’aujourd’hui soit redoublé. On est arrivé à près d’un million de manifestants aujourd’hui. Parce que tant que le dialogue ne s’ouvrira pas, pour qu’ensemble nous décidions, il faut que vous soyez prêts. Encore une fois, je félicite la jeunesse, les femmes, vous avez tout donné. Vous avez marché 15 kilomètres pour montrer à quel point vous êtes attachés à nos valeurs. Et la prochaine marche sera sur l’Autoroute », a-t-il conclu.