Guinée : Mamady Doumbouya rend hommage aux victimes du 28 septembre 2009


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Mamady Doumbouya et ses proches au stade, le 28 septembre
Mamady Doumbouya et ses proches au stade, le 28 septembre

La junte au pouvoir en Guinée continue de poser des actes pour garder la sympathie du peuple. Ce mardi, le lieutenant-colonel Doumbouya a commémoré le massacre du 28 septembre sur les lieux mêmes du drame, c’est-à-dire au stade du même nom.

Ce mardi 28 septembre 2021, jour de commémoration du 12e anniversaire du massacre perpétré par l’armée contre des manifestants réunis au stade du 28 septembre de Conakry, le chef de la junte guinéenne, le lieutenant-colonel Mamady Douboumya, a eu un geste symbolique. Il s’est rendu au stade, dans la journée, pour se recueillir à la mémoire des victimes. Lecture du Coran et prières, voilà l’essentiel du programme exécuté par le tombeur d’Alpha Condé accompagné d’une horde de militaires, le tout en une dizaine de minutes.

Ce geste très symbolique a été fortement apprécié par les participants à la cérémonie au nombre desquels quelques victimes comme Oumou Kadet Barry. « On nous a frappées, on nous a violées, c’est à cause de ça, a-t-elle rappelé. On est venue ici réclamer la vérité, la justice. La vérité, c’est pour ça qu’on est venu ici », a-t-elle déclaré. La justice, les familles des quelque 157 personnes tuées, et la centaine de femmes violées continuent toujours de l’attendre.

En 2009, l’intention de se maintenir au pouvoir se faisant de plus en plus évidente chez le capitaine Moussa Dadis Camara qui s’est installé à la tête du pays, le 24 décembre 2008, les forces vives de la Guinée réunies dans un forum se mirent en branle pour lui faire barrage. Le 28 septembre 2009, elles appelèrent alors à une manifestation pacifique au mythique stade du 28 septembre de Conakry. Peu avant midi, des forces de l’ordre, armées jusqu’aux dents, ouvrirent le feu sur les manifestants. 157 personnes sont tombées sous les balles de l’armée, des centaines d’autres sont blessées. 109 femmes sont violées par des militaires en furie.

En plus de dix ans de gestion du pouvoir d’État, le régime du Président Alpha Condé a fait du surplace, ne donnant pas à la justice le coup de pouce nécessaire pour que les auteurs et complices de cette tragédie soient mis aux arrêts et punis. Le règlement de ce dossier constitue un défi pour le gouvernement de la Guinée, que ce soit l’équipe du lieutenant-colonel Doumbouya ou celle à laquelle elle passera le témoin.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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