Guinée : Mamadi Doumbouya pourrait être candidat à la présidentielle en 2025


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Mamady Doumbouya, président de la Transition en Guinée
Mamady Doumbouya, président de la Transition en Guinée

Mamadi Doumbouya, chef de la junte guinéenne, pourrait envisager une candidature à la présidentielle de 2025, malgré les restrictions de la charte de transition.

La scène politique guinéenne est en effervescence depuis quelques semaines. Des voix se lèvent, de plus en plus nombreuses, pour évoquer une possible candidature du général Mamadi Doumbouya à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2025. Pourtant, la charte de la transition, signée par le général lui-même, stipule clairement que les membres de la junte ne peuvent pas se présenter à des élections nationales ou locales. Mais des déclarations récentes, tant au sein du gouvernement que de la présidence, laissent entrevoir un autre scénario. Le général Doumbouya, autrefois résolu à passer le flambeau aux civils, pourrait-il revoir sa position ?

Les soutiens grandissants au sein du gouvernement

Les partisans d’une candidature du chef de la junte se font entendre. Le général Amara Camara, porte-parole de la présidence, a récemment affirmé qu’il n’y aurait aucune raison légale ou constitutionnelle d’empêcher Mamadi Doumbouya de se présenter. « Le président Doumbouya est un citoyen comme tout autre », a-t-il déclaré, tout en soulignant que rien ne l’empêcherait de participer à l’élection présidentielle si la Constitution venait à être modifiée. Des propos qui viennent renforcer l’idée que le verrou de la charte de la transition pourrait être levé par une nouvelle Constitution, ouvrant ainsi la voie à une éventuelle candidature.

Au sein même du gouvernement, l’idée d’une participation de Doumbouya au scrutin présidentiel semble prendre forme. Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du gouvernement, a suggéré que « se présenter devant le suffrage n’est pas usurper la volonté du peuple« . Ces paroles résonnent comme une invitation à l’actuel dirigeant du pays à envisager la possibilité de briguer un mandat présidentiel. Si, dans les mois qui ont suivi le coup d’État de 2021, Doumbouya avait clairement affirmé qu’il ne se présenterait pas, ses plus proches collaborateurs semblent désormais ouvrir la porte à un revirement.

Le spectre d’une présidence prolongée

Face à ces déclarations, l’opposition guinéenne ne reste pas silencieuse. Des figures politiques telles que Kalémodou Yansané, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), ont fermement réagi en appelant Doumbouya à clarifier ses intentions. « Si Doumbouya est candidat, ce n’est pas la peine de faire des élections« , a-t-il lancé, dénonçant une possible mascarade démocratique si la junte venait à se maintenir au pouvoir par le biais d’une candidature présidentielle. Cette incertitude autour des intentions de Doumbouya plonge la classe politique guinéenne dans le doute et pourrait susciter des tensions croissantes à l’approche des échéances électorales.

Une nouvelle Constitution comme clé ?

La charte de la transition, en vigueur depuis 2021, interdit formellement au général Doumbouya de se présenter. Cependant, les autorités travaillent actuellement sur un avant-projet de Constitution qui pourrait bien modifier cette donne. L’idée d’un référendum sur la nouvelle Constitution est évoquée pour la fin de l’année, mais aucun calendrier précis n’a été arrêté. Si cette nouvelle loi fondamentale est adoptée, elle pourrait permettre à Doumbouya de briguer la magistrature suprême, en dépit de ses promesses initiales. Le gouvernement semble même envisager un calendrier électoral inversé, débutant par l’élection présidentielle avant l’adoption de la Constitution, comme l’a laissé entendre le ministre des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté.

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